Une obsession toute autre...
Un étrange parfum flottait dans les couloirs. Et ce n'était ni l'odeur huileuse de l’ascenseur, ni l'odeur de la moquette fatiguée.
En quelques secondes, je fis une nouvelle fois, un bond dans mon passé pas trop lointain. Je revoyais la maison blanche au toit d'ardoises et aux fenêtres basses. J'entendais le crissement du gravier sur le chemin qui conduisait à la porte de la cuisine vitrée dans le haut.
Je sentais la poignée sous mes doigts et un léger déclic. J'entrais, je déposais les clés dans le vide-poche en criant « C'est moi ! Tu es là ? » ….bien que je savais qu'il était de retour ...
Et c'est cette odeur que je retrouvais, étrangement, dans les couloirs. Quelques années plus tard en me rendant dans mon bureau de directeur. Bureau qui jouxtait la salle de réunion où serait présente mon épouse.
La journée se passa normalement, bien que je me permis quelques distractions ayant pour objet « le parfum étrange ». Etais-je le seul à l'identifier parmi toutes les odeurs qui flottaient dans l'air de ce vieil immeuble ? Il semble que oui, car aucun commentaire, aucune allusion ne filtrèrent à ce propos.
Les jours s'écoulaient, tranquilles en apparence. En revanche, mes sens étaient continuellement en éveil. Je zappais, je feuilletais, je m'agitais...
Un mois plus tard, je me décidai. Sur mon temps de pause, je me rendis à la Grande Galerie Commerciale. J'entrai dans une parfumerie. Je fis part de mon souhait et m'en allai avec un paquet enrubanné et un échantillon.
Les jours ne me semblaient plus aussi tranquilles. J'étais obsédé par cette odeur, présente et absente. Un soir, mon épouse me parla « parfum » en requérant mon avis sur ces parfums capiteux et désuets alors que j'étais un inconditionnel du vétiver.
- Franchement, cela m'irait pas ! Pas envie de passer pour un ringard...lui répondis-je assez vertement. De quoi clore ce sujet.
Elle ne releva pas ce commentaire désobligeant.
Deux mois plus tard, elle dut s'absenter une semaine, pour son travail . Lorsque qu'elle fut de retour, elle ressemblait à une souris fouineuse et heureuse. Mon cœur s'emballa, mais je me trompais. Elle reprenait simplement possession des lieux en véritable maîtresse ! Elle replaça, réajusta, rectifia, réorienta...
Mon manège, très discret, répondit néanmoins au sien. Je vérifiai le contenu de ma poubelle et la position de mon agenda sur mon bureau. Je m'assurais du verrouillage de mon portable et de la netteté du col de mes chemises et de ma veste. Mais je ne laissai rien paraître, que du contraire.
J'étais le mari attentionné, quasi parfait. Mais derrière cette image de papier glacé se cachait un tout autre homme.
Et puis vint le soir où j'eus l'intuition que le piège se mettait en place.
Elle m'informa qu'elle organiserait un dîner le vendredi, avec quelques amis. Je lui souris.
Le vendredi, je rentrai, vers vingt heures. Agacé par les informations que j'avais reçues.
La table était dressée pour deux.
Elle avait passé une petite robe noire.
Je déposai le paquet enrubanné près de son couvert.
Je la regardai fixement.
Elle ouvrit la bouche.
Je ne lui laissai pas le temps de dire un mot et demandai :
- Depuis combien de temps as-tu renoué avec mon frère ?
Wouaou ! très fort, la deuxième version !
RépondreSupprimerAlors là c'est bluffant...
Bravo quelle verve !
¸¸.•*¨*• ☆
Merci, Célestine! Imagine un peu... ce que pourrait être la version trois ;)))
SupprimerTu me défies ? :-)
SupprimerLes couples: on en fait des livres, des faits divers et la suite des aventures terrestres. On te sent bien à l'aise dans ton histoire de fragrances, je t'ai suivie, la truffe au vent...
RépondreSupprimerTiens, je te vois bien... le truffe au vent, tout comme d'autres ont la plume au vent!
SupprimerJe l'ai pas sentie venir cette clôture en pied-de-nez, bravo.
RépondreSupprimerMe voilà tout à coup super contente de t'avoir mené par le bout du nez....
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