LE PARFUM
Un étrange parfum flottait dans le couloir du château. L’ombre s’arrêta. La clarté blafarde de la lune l’inonda un instant et dessina sur le mur la cape et le panache rouge de son chapeau mousquetaire.
- Pardieu ! murmura le cadet de Gascogne. Ils l’ont fait !
Il le connaissait bien, ce « parfum d’Aubervilliers » où se mêlaient sournoisement l’ail et la cigüe, l’oranger et le chanvre. Un parfum maudit, vénéneux, qui prend la tête et la fait chavirer jusqu’à la chute fatale.
- Ils vont tuer la comtesse !...
« Ils » c’étaient les gens du lieu, les balourds, les petits fermiers, les gueux qu’une soldatesque brutale travaillait depuis plusieurs jours, menaçant, pillant, allumant des torches dans les granges nocturnes, menaçant de bastonnades et de torture les nonchalants ou les rebelles. Ces hordes appartenaient au Comte de Montvert : il voulait les immenses champs de lavande qui entouraient le château, il voulait le moulin, le pressoir, le château et la comtesse Bianca elle-même. Sa résistance heurtait l’orgueil insensé ; le bruit courait qu’elle serait à lui, morte ou vivante.
Le mousquetaire enjamba les escaliers, entra dans la chambre où Bianca chancelait déjà, évanouie. Il l’enveloppa dans sa cape, sortit par une porte dérobée, retrouva son cheval , y installa la jeune femme et ils partirent vers l’aventure et le bonheur.
C’est une légende qu’on raconte les soirs où un étrange parfum rôde sur les champs de lavande. Alors, les vieilles se signent et regardent la silhouette du château qui, dans l’obscurité, semble encore cacher en ses recoins d’anciennes effluves du « parfum d'Aubervilliers ».
J'aime les légendes et celle-ci a un parfum particulier (et puis il est tellement plus aisé de sortir par une porte quand elle a été dérobée...)
RépondreSupprimerSurtoout quand on tient une jeune femme dans ses bras... :)
SupprimerJ'aime contes et légendes, Cyranos, Mousquetaires et capitaines Fracasse, le tienne, bien que brève, est succulente et dans le ton.
RépondreSupprimerJe suis tout comme toi, imprégnée de ces lectures; elles m'ont soufflé le schéma de la consigne!...
SupprimerJ'ai adoré cette histoire romanesque, tout pour plaire !
RépondreSupprimerMerci Lorraine !
¸¸.•*¨*• ☆
Evidemment, ce n'est pas une bergère!...Plutôt la Belle au Bois Dormant! :)
SupprimerAprès les notes de fond de l'ail et de la cigüe, planent sur ta jolie histoire les notes de tête de la lavande. J'ai beaucoup aimé.
RépondreSupprimerIl fallait un mousquetaire aguerri our affronter ce parfum.Merci pour ton message, Marité.
RépondreSupprimerVoilà un texte haletant en plus de ces fragrances; j'aime bien.
RépondreSupprimerQuelle belle envolée !
RépondreSupprimerLes lavandes de mon jardin sont prêtes à fleurir....mais je ne vis pas à la même époque que cette belle légende. Un mieux, un pire?