Un étrange parfum flottait dans les couloirs… Et ce n'était pas l'odeur habituelle de toilettes sur-fréquentées, de café froid et de mauvais sandwiches.
Ce n'était pas non plus l'odeur des ordinateurs poussiéreux et surchauffés, ni le mélange habituel d'effluves corporelles dans cet espace de travail surpeuplé.
C'était le parfum de la terre chaude mouillée par la pluie, que je sentais pour la première fois cette année, qui ravivait le souvenir des après-midi d'orage en Provence.
Je me suis arrêté net au milieu du hall de l'immeuble. Revenant d'une réunion, je tenais à la main mon cahier de notes et de l'autre, un gobelet de café presque froid que j'avais rempli à la cafetière de la salle de conférences. La petite tisanerie, au rez-de-chaussée de l'immeuble, était déserte.
J'ai hésité.
J'étais déjà en retard pour la réunion suivante.
Un pas en avant, puis deux, et je me suis de nouveau arrêté, et j'ai changé de direction.
J'ai posé mon cahier sur l'une des tables rondes, près de la baie vitrée. La tisanerie donnait sur une terrasse, au-delà de laquelle s'étendaient les jardins de l'immeuble d'habitation voisin. Je contemple cet espace de verdure enthousiasmé par le printemps, les hordes de gastéropodes se lançant on se demande bien pourquoi à l'assaut de la façade.
J'ai fermé les yeux pour ne rien perdre de ce parfum si exotique dans cet univers de béton pas même fonctionnel.
Ce n'était pas non plus l'odeur des ordinateurs poussiéreux et surchauffés, ni le mélange habituel d'effluves corporelles dans cet espace de travail surpeuplé.
C'était le parfum de la terre chaude mouillée par la pluie, que je sentais pour la première fois cette année, qui ravivait le souvenir des après-midi d'orage en Provence.
Je me suis arrêté net au milieu du hall de l'immeuble. Revenant d'une réunion, je tenais à la main mon cahier de notes et de l'autre, un gobelet de café presque froid que j'avais rempli à la cafetière de la salle de conférences. La petite tisanerie, au rez-de-chaussée de l'immeuble, était déserte.
J'ai hésité.
J'étais déjà en retard pour la réunion suivante.
Un pas en avant, puis deux, et je me suis de nouveau arrêté, et j'ai changé de direction.
J'ai posé mon cahier sur l'une des tables rondes, près de la baie vitrée. La tisanerie donnait sur une terrasse, au-delà de laquelle s'étendaient les jardins de l'immeuble d'habitation voisin. Je contemple cet espace de verdure enthousiasmé par le printemps, les hordes de gastéropodes se lançant on se demande bien pourquoi à l'assaut de la façade.
J'ai fermé les yeux pour ne rien perdre de ce parfum si exotique dans cet univers de béton pas même fonctionnel.
Mon téléphone portable vibre et me rappelle que je suis en retard. Je le pose sur la table à côté du cahier de notes, du gobelet de plastique et son fond de café froid.
J'ai mal.
Depuis des semaines je me sens oppressé, je souffre de cet enfermement dont je ne vois pas l'issue.
D'un pas mal assuré, je me dirige vers les portillons qui limitent l'accès au bâtiment aux porteurs d'un badge correctement configuré.
Je sors.
Passé les portes automatiques, le parfum de la terre mouillée de pluie est là, il soulage ma respiration difficile, comme si l'évocation d'un peu de nature aidait mes poumons à se mieux remplir.
Je prends une poignée de terre dans le bac en ciment qui héberge un lot de fleurs qui ne survivront pas à l'été.
Comme moi.
La douleur dans la poitrine revient avec force. Ma vision se trouble, et avant de m'effondrer, je porte la terre mouillée à mon visage, trouvant du réconfort dans cette petite victoire, que le dernier parfum que j'aie perçu ne soit pas l'odeur rance d'une moquette sale dans un « open space » hostile.
J'ai mal.
Depuis des semaines je me sens oppressé, je souffre de cet enfermement dont je ne vois pas l'issue.
D'un pas mal assuré, je me dirige vers les portillons qui limitent l'accès au bâtiment aux porteurs d'un badge correctement configuré.
Je sors.
Passé les portes automatiques, le parfum de la terre mouillée de pluie est là, il soulage ma respiration difficile, comme si l'évocation d'un peu de nature aidait mes poumons à se mieux remplir.
Je prends une poignée de terre dans le bac en ciment qui héberge un lot de fleurs qui ne survivront pas à l'été.
Comme moi.
La douleur dans la poitrine revient avec force. Ma vision se trouble, et avant de m'effondrer, je porte la terre mouillée à mon visage, trouvant du réconfort dans cette petite victoire, que le dernier parfum que j'aie perçu ne soit pas l'odeur rance d'une moquette sale dans un « open space » hostile.
Excellent. J'aime beaucoup cette progression avec la terre mouillée comme fil conducteur. Ce texte devrait être placardé devant toutes les salles de réunion.
RépondreSupprimerAh, le parfum de la terre nourricière après une averse, rien ne l'égale. Comme toi, il m'est nécessaire.
RépondreSupprimerUltime revanche du goût, porteur d'une saveur de vivre trop souvent négligée - particulièrement au travail. Bien joué !
RépondreSupprimerun véritable retour à la terre ...
RépondreSupprimer(dans les univers de béton, moquette, feutré, et open space dynamique la nature n'existe plus, sinon avec des photos sur les écrans d'ordi ...)
Un régal pour une olfactive comme moi...
RépondreSupprimerJ'aime les odeurs de nature comme baume à toutes ces odeurs artificielles qui prennent la tête...
¸¸.•*¨*• ☆
Prise au piège dans les volutes qui crachent le béton et la poussière hideuse pour u retour à la terre, celle qui sent bon, celle qui est porteuse de la vie et celle aussi qui engloutit....
RépondreSupprimerC'est un texte qui ne laisse pas indifférent, surtout par sa fin...ultime, irrévocable...