Ma dernière cigarette
C’est bien la dernière fois que je fume, me suis-je dit à ce moment- là, un moment dont je me souviens parfaitement tous les détails : le lieu, l’heure. Surtout, j’étais seule pour savourer pleinement cette dernière cigarette, celle de la condamnée… à ne plus fumer. Il n’y avait aucune parole à prononcer qui aurait interrompu et interféré avec les mouvements de ma bouche atour de ce tube maudit. Aucun autre geste à effectuer que de mener la cigarette à mes lèvres déjà en manque de ce brasier miniature. C’est bien la dernière fois que je tapotais ma cigarette dans le cendrier, que je l’y éteignais et que je me disais : Finalement, qu’est-ce que ça changerait si j’en fumais une autre ? La dernière… pour la route… comme on se disait, il y a peu, avec mon meilleur ami, mort trop jeune, d’un cancer du poumon au moment où il aurait enfin pu profiter de la vie avec une retraite bien méritée. Je m’en voulais des cigarettes qu’il avait fumé en ma compagnie mais je regrettais déjà la convivialité de ce moment, le partage : t’en veux une ? À une époque où la cigarette était si peu chère qu’on les distribuait sans état d’âme ou à ces périodes de ma vie, où un peu plus fortunée, je donnais un peu de cette mort différée. Loin de moi l’idée de moraliser car je donnerais cher là maintenant pour fumer une cigarette avec mon café ou ce soir avec l’apéro. Mais, je sais que cette cigarette en entraînerait immanquablement. J’ai cru souvent isoler le plaisir de la dépendance mais ma dernière bronchite qui m’a fait frôler l’hospitalisation m’a emmené à cette douloureuse abstinence
C’est bien la dernière fois….
C’est bien la dernière fois que je fume, me suis-je dit à ce moment- là, un moment dont je me souviens parfaitement tous les détails : le lieu, l’heure. Surtout, j’étais seule pour savourer pleinement cette dernière cigarette, celle de la condamnée… à ne plus fumer. Il n’y avait aucune parole à prononcer qui aurait interrompu et interféré avec les mouvements de ma bouche atour de ce tube maudit. Aucun autre geste à effectuer que de mener la cigarette à mes lèvres déjà en manque de ce brasier miniature. C’est bien la dernière fois que je tapotais ma cigarette dans le cendrier, que je l’y éteignais et que je me disais : Finalement, qu’est-ce que ça changerait si j’en fumais une autre ? La dernière… pour la route… comme on se disait, il y a peu, avec mon meilleur ami, mort trop jeune, d’un cancer du poumon au moment où il aurait enfin pu profiter de la vie avec une retraite bien méritée. Je m’en voulais des cigarettes qu’il avait fumé en ma compagnie mais je regrettais déjà la convivialité de ce moment, le partage : t’en veux une ? À une époque où la cigarette était si peu chère qu’on les distribuait sans état d’âme ou à ces périodes de ma vie, où un peu plus fortunée, je donnais un peu de cette mort différée. Loin de moi l’idée de moraliser car je donnerais cher là maintenant pour fumer une cigarette avec mon café ou ce soir avec l’apéro. Mais, je sais que cette cigarette en entraînerait immanquablement. J’ai cru souvent isoler le plaisir de la dépendance mais ma dernière bronchite qui m’a fait frôler l’hospitalisation m’a emmené à cette douloureuse abstinence
C’est bien la dernière fois….
J'ai laissé mon dernier paquet de cigarettes entamé pendant plus de 20 ans dans un tiroir. C'est dire si je te comprends...
RépondreSupprimerÇa sent le vécu, Laura !
RépondreSupprimerbravo pour cette étude psychologique très fine.
Et en si peu de mots...
¸¸.•*¨*• ☆
comme le dot Célestine cela sent le vécu ..
RépondreSupprimerdu coup, tu vapotes alors :o)
C'est fou comme on peut se souvenir précisément de cette dernière fois (pour moi c'était il y a 30 ans et l'impression que c'était hier)
RépondreSupprimerQuand le vapotage a commencé, j'ai demandé en pharmacie: on m'a dit que si je vapotais, je refumerais un jour
RépondreSupprimerdonc, je ne vapote pas
Un texte qui "secoue", bien plus qu'une toux....tu as bien souligné ce paradoxe tueur, partager l'amitié, partager le paquet...
RépondreSupprimerBravo pour cette écriture si juste!