Peau de vache
C’était une belle femme, grande,
blonde, glaciale, intimidante. Pendant ses cours, même les mouches
n’osaient pas voler. Surtout pendant les cours de chimie. Et pour
cause…
Nulle, archi nulle en chimie, pire
que de l’hébreu, pour moi, un peu meilleure en physique, passons…
Nous écoutions, travaillions tant
bien que mal, plutôt mal pour moi, silence glacé, jusqu’au jour
où…
Cette année-là, de nouveaux venus,
un petit nombre, avaient intégré différentes classes du lycée.
Nous ne savions pas grand-chose d’eux. Juste qu’ils avaient été
« placés » dans un centre, séparés de leur famille.
Avec nous, il y en eut trois. Un, charmant et charmeur, l’autre, un
peu moins, le troisième, peu communicatif.
Le troisième, souvent trublion,
étant souvent absent.
Lors d’un cours de chimie, une
fois encore, interpelé par notre prof, il se leva, grand, costaud,
se dirigea vers elle et leva le bras sur elle. Celle-ci disparut dans
le laboratoire attenant à la classe.
Nous n’entendîmes plus jamais
parler de ce garçon.
Par contre, nous apprîmes que notre
prof était enceinte.
Bien des années plus tard, au cours
d’une rencontre-retrouvailles avec copines et copains du lycée,
j’annonçais :
- Je fais de la gym avec madame G.
- Madame G., tu lui diras que c’est une peau de vache !
- Moi non plus, je ne l’aimais pas, j’étais nulle en physique chimie ; et elle ne m’a pas aidée à mieux comprendre.
J’avais, par le plus grand des
hasards, retrouvé cette personne ; que je n’aurais pas
reconnue, si elle n’avait été accompagnée de celle qui m’en
avait parlé, en bien « Grâce à elle, je suis devenue bonne
en physique chimie ». Je sus, aussi, que madame G.avait une
fille, avait continué à enseigner dans des classes prépa d’un
lycée de Bordeaux.
En quittant
mes copines, une d’elles avait insisté : « Quand tu la
revois, dis-lui que c’est une peau de vache. »
D’abord, je n’aurais jamais
osé ; et comment expliquer à ma copine cette belle grande
personne, droite, forte, aimable, sourire amical, illuminant des yeux
pleins de tendre malice et de joie.
il est parfois compliqué de comprendre et les professeur et les camarades. Là, en plus, les nouveaux arrivants déstabilisent la classe ! Les retrouvailles, bien des années plus tard les avis des copains / copines n'ont pas changé : peau de vache. Certains profs laissent des traces indélébiles ...
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