Nous
sommes des funambules, entre rêve et réalité, espoir et déception,
amour et solitude. Nos certitudes sont dérisoires, nos vérités
mensonges. Nous sommes des origamis mal pliés tenant à peine
debout. Nous sommes quelquefois au mauvais endroit et la vie nous
abandonne. Nous entrons dans les églises pour rechercher notre
innocence d'enfant. Nous n'y trouvons que le silence et des
images, et des lumières tremblotantes. Certains cherchent rois et
maîtres pour une vie éternelle devenue mort éternelle. Nos vies se
croisent, nos lignes se croisent, nos fiertés sont semblables mais
nous ne sommes pas ensembles. Nous ne voulons plus nous battre.
Jamais. Nous sommes feu et vie à l’extérieur et nous voulons que les
autres sachent qui nous sommes. Mais on leur ment, on tue sans remords ... On
est mort en dedans …
Et
cependant, la musique, la poésie, la danse sont d'infinis voyages d'amour.
Deux étranges souvenirs de musique et d'amour.
Je revois encore ce boutre rafistolé se faufilant dans le port de Calcutta et d’où était descendu un sari safran. Je l’avais suivi dans la foule mouvante jusqu’à un pauvre théâtre pleurant des larmes de planches grises. Ce fut d’abord une mélodie très pure comme une conversation intime entre flûte et violon, soutenue par le battement d’un tambour. Puis elle avança, concentrée, presque mystique et commença la danse. J’étais fasciné par la grâce, l’élégance, la virtuosité et la force intérieure que dégageaient chacun de ses gestes, chacune de ses poses, chacun de ses pas. J’ai su plus tard que je venais d’assister au Bharata Natyam. Sous la soie orangée et l’extrême rigueur de la discipline ancestrale, un corps souple et musclé. Derrière le regard sombre, une femme passionnée inventive et drôle. Nous faisions l’amour sur des divans violets et buvions du thé cueilli au flanc des montagnes de Darjeeling.
Deux étranges souvenirs de musique et d'amour.
Je revois encore ce boutre rafistolé se faufilant dans le port de Calcutta et d’où était descendu un sari safran. Je l’avais suivi dans la foule mouvante jusqu’à un pauvre théâtre pleurant des larmes de planches grises. Ce fut d’abord une mélodie très pure comme une conversation intime entre flûte et violon, soutenue par le battement d’un tambour. Puis elle avança, concentrée, presque mystique et commença la danse. J’étais fasciné par la grâce, l’élégance, la virtuosité et la force intérieure que dégageaient chacun de ses gestes, chacune de ses poses, chacun de ses pas. J’ai su plus tard que je venais d’assister au Bharata Natyam. Sous la soie orangée et l’extrême rigueur de la discipline ancestrale, un corps souple et musclé. Derrière le regard sombre, une femme passionnée inventive et drôle. Nous faisions l’amour sur des divans violets et buvions du thé cueilli au flanc des montagnes de Darjeeling.
Quelques
années plus tard il y eut Chaska-Niña.
Callao et ses odeurs d’épices et de poissons. Callao où l’ont croit entendre encore dans les brumes blanchâtres du petit matin, le pas métallique des chevaux espagnols. Callao où j’échouais après des jours et des jours passés à gratter des pierres sur les escarpes de Cuzco.
Deux filles aux confins de ce monde, au bout d’un quai isolé. Deux sœurs. L’une, paupières closes frappe sur le caĵon sur lequel elle s’est assise. L’autre danse, pieds nus, murmurant la mélodie de la Marinera. Elle planta soudain son regard dans le mien ; moi, étranger, inopportun. Une lave rouge coula dans mes veines. Elle m’entraîna sur le bateau Huascar, amarré non loin. Leur troupe de comédiens et danseurs qui hantait les ponts rouillés du vieux bâtiment était partie en représentation quelques jours. C’était alors leur tour de garde. Dans un incroyable fatras de costumes, de tissus et d’instruments de musique on a bu du Pisco sirupeux et fort. Puis nous nous sommes aimés dans des étreintes brutales, sauvages nous laissant pantelants contre l’autre. C’était une liane à la peau fauve. Son plaisir, ongles crochés, était une intense vibration de tout son corps et un feulement rauque presque douloureux.
Callao et ses odeurs d’épices et de poissons. Callao où l’ont croit entendre encore dans les brumes blanchâtres du petit matin, le pas métallique des chevaux espagnols. Callao où j’échouais après des jours et des jours passés à gratter des pierres sur les escarpes de Cuzco.
Deux filles aux confins de ce monde, au bout d’un quai isolé. Deux sœurs. L’une, paupières closes frappe sur le caĵon sur lequel elle s’est assise. L’autre danse, pieds nus, murmurant la mélodie de la Marinera. Elle planta soudain son regard dans le mien ; moi, étranger, inopportun. Une lave rouge coula dans mes veines. Elle m’entraîna sur le bateau Huascar, amarré non loin. Leur troupe de comédiens et danseurs qui hantait les ponts rouillés du vieux bâtiment était partie en représentation quelques jours. C’était alors leur tour de garde. Dans un incroyable fatras de costumes, de tissus et d’instruments de musique on a bu du Pisco sirupeux et fort. Puis nous nous sommes aimés dans des étreintes brutales, sauvages nous laissant pantelants contre l’autre. C’était une liane à la peau fauve. Son plaisir, ongles crochés, était une intense vibration de tout son corps et un feulement rauque presque douloureux.
Juste
à côté, sa sœur jouait de la guitare. « Ne t’inquiète
pas pour elle. Son amoureux accompagne la troupe et quand il n’est
pas là elle reste les yeux fermés sur sa dernière image, et elle
n’entend plus que sa musique. Dans ces moments, je la prends par la
main jusqu’à son retour ».
Alors on recommençait au son de la guitare de cette femme aveuglée d’amour.
Et bientôt : « va-t-en maintenant, notre passion est épuisée et nos corps trop usés ».
J’ai embarqué sur un navire marchand faisant route vers l’Europe.
Comme tout cela me semble loin désormais.
C’est là que se pose la question du retour.
Trop tard. Je suis déjà au delà. J’ai largué les dernières amarres de ma vie. Je sens la drogue faire son chemin dans mes veines. Je vais partir vers l’autre rive. Mon animal totem est devant moi. Je vois ses yeux qui rassemblent les yeux de toutes mes amantes. Je ne tiens plus debout. Le ciel coule sur mes mains. Je dois me tenir prêt. Je sais le voyage long et périlleux.
Alors on recommençait au son de la guitare de cette femme aveuglée d’amour.
Et bientôt : « va-t-en maintenant, notre passion est épuisée et nos corps trop usés ».
J’ai embarqué sur un navire marchand faisant route vers l’Europe.
Comme tout cela me semble loin désormais.
C’est là que se pose la question du retour.
Trop tard. Je suis déjà au delà. J’ai largué les dernières amarres de ma vie. Je sens la drogue faire son chemin dans mes veines. Je vais partir vers l’autre rive. Mon animal totem est devant moi. Je vois ses yeux qui rassemblent les yeux de toutes mes amantes. Je ne tiens plus debout. Le ciel coule sur mes mains. Je dois me tenir prêt. Je sais le voyage long et périlleux.
NB : le début du texte (en italique) reprend quelques paroles des 6 musiques du thème (traduction personnelle et un peu aléatoire). L'ensemble de ces musiques et de leurs clips danseurs m'ont inspiré cette histoire.
comme ce cher Bernard Lavilliers le chante:
RépondreSupprimer"De n´importe quel pays, de n´importe quelle couleur.
La musique est un cri qui vient de l´intérieur"
en résonance avec ton texte, je rajouterais la musique nous fait voyager bien plus sûrement que certaines substances illicites
Dis donc chère Tisseuse...t'arêttes de me copier ou quoi ? 8:((
SupprimerSinon,j'ai le zéro 6 du bon Bernard...si cela te branche (c'est 100 boules à payer...sort ta tune).
bah, tu sais, je n'ai pas attendu nos échanges fameux pour citer Bernard Lavilliers
Supprimerc'est un "pays" à moi :)
et ses albums, je les ai quasiment tous, certains même en double, et en vinyle :)
Ouah la chance ! J'arrive avec mon gramophone,commence à régler ton sonotone...
SupprimerOn est pas d'un pays mais on est d'une ville où la rue artèrielle limite le décord. .;o)
Bonjour...GENDARMERIE NATIONALE !
RépondreSupprimerCapitaine stouf...monsieur l'arpenteur ne serait-il point Charles Duchausois,le fumeu écrivain du livre Flash,celui que nous recherchons activement depuis les annés 70 et quelques ?
Oh laaa...ca va chier ! ;o)
Capitaine Stouf, vous faites erreur car le Duchaussois en question est mort au début des années 90 (il me semble) ... cela étant, il peut y avoir une forme de réincarnation ...
Supprimeren plus, j'ai eu un flash ... :o))
Boon...cela ira pour cette fois,OM MANI PADME OUM...veuillez circuler s'il vous plait !
Supprimerॐ मणि पद्मे हूँ
SupprimerQuel voyage... aurais-tu autant joui si tu n'avais pas eu d'oreilles ? Pas certain
RépondreSupprimerSavoureusement sonore, avec des échos en ricochets dans l'âme... J'y regoûte...
RépondreSupprimerfort comme un ceviche savouré en regardant le Pacifique, quelque part dans la garua
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