JB123 - Une photographie

Une fois n’est pas coutume, tout du moins pas la mienne, c’est décidé aujourd’hui grand nettoyage de mai. Le chantier est d’importance et voilà qu’à peine lancée je me retrouve arrêtée, à genoux au milieu du parquet, épluchant une à une les photos de la boîte à chaussures tirée du dessus du frigo. Un petit nombre n’est là que depuis quelques mois mais d’autres attendent… Tiens ! Je l’avais oublié celle-ci. Deux corps abandonnés, fatigués par l’extase de la délivrance.

Comme libérés par une digue qui cède, les souvenirs affluent en un tsunami. Pêle-mêle, irrépressibles, odeurs, sons, sensations me submergent de toutes parts. Je revis ces moments, ces nuits blanches ivres de sommeil où nous sommes l’une pour l’autre, l’unique et le tout. Mes oreilles sont pleines des petits « suçotis », des gloussements de plaisir, émissaires annonçant le grand chavirement. Toutes les deux endormies, elle collée à mon sein, entourée par mon bras, nous semblons tellement loin. Elle avait quelques semaines et moi 20 ans de moins.

Merci à son papa absent de cette image. Les souvenirs, qu’on croyait disparus, juste s’ensommeillent guettant l’occasion d’une nouvelle floraison. Me voilà habitée, le grand ménage peut attendre, mon esprit vagabonde et c’est tant mieux ainsi. 

Ma fille de la photo :

Je t’adore, je t’adore

Mon amour est comme une fleur

Qui s ‘épanouit sur ton visage