Ils sont montés dans des voitures, ils ont traversé le
pays, ils sont venus en douce, en silence, en cati-mini, ils se sont rendus dans des quartiers plein de vie, de
jeunesse joyeuse, d’insouciance légère, ils ont armé leurs engins de mort et de
sang glacial, ils ont tiré des balles dans le dos de nos enfants désarmés qui
écoutaient de la musique, mangeaient en terrasse, riaient, échangeaient, buvaient
un verre avec leurs amis… Ils ont tiré sur nos enfants. Ils les ont transpercés
de balles, déchiquetés, coupés, troués, achevés, les uns après les autres, en
prenant leur temps, en y revenant, en recommençant, en rechargeant leurs armes,
en ne s’occupant nullement de savoir sur qui ils tiraient. Ils ne tuaient ni
des juifs, ni des musulmans, ni des catholiques, ni des gens de droite, ni des
gens de gauche, ils tuaient des enfants, nos enfants, qui s’amusaient un
vendredi soir dans Paris…
Ils l’ont fait froidement, implacablement, longtemps
très longtemps. Pas un seul instant ils ne sont dits : On ne peut pas
faire une chose pareille, ça n’est pas possible, pas humain. Presque certain
qu’en tirant ils n’ont pensé à rien. À rien d’autre qu’à tirer. Eux, ils ont su
penser à rien…
Puis, leur folie furieuse exprimée, leurs crimes, leurs
carnages, leurs entreprises de destruction terrifiantes accomplis, à bouts de
munitions, à bouts de leurs arguments ils se sont fait exploser.
Et vous savez quoi ? Ils étaient eux aussi des
enfants.
Et nous voilà maintenant, les survivants, les épargnés,
les vivants avec notre infinie tristesse, avec nos larmes pour un oui, pour un
non, avec notre rage, avec nos questions, avec nos peurs… C’est qu’il nous
reste des enfants…
Quel autre assassin va venir nous tirer dessus ?
Où ? Quand ? Dans quel quartier ? Dans quelle ville ?
Et ce sentiment d’impuissance terrible parce que nous n’avons pas su les protéger nos enfants,
ni d’eux même ceux là qui ont tué.
Et nous sentons bien que ce n’est ni la force, ni la
violence, ni une surenchère à la haine qui pourra régler ça définitivement…
Parce que c’est bien ce que nous voulons. La paix. Qu’à
la folie dure s’oppose la raison douce.
Définitivement.
Un plaidoyer pour la paix... sinon rien
RépondreSupprimerL'Amour pleure de ta plume.
RépondreSupprimerj'aime tant ta conclusion ! ton texte me fait penser à celui de la chanson "Les loups" Serge Régiani" : https://www.youtube.com/watch?v=8v77VIxElwM
RépondreSupprimerL'état de non-penser peut être en effet celui des tueurs.
RépondreSupprimerMais aussi celui d'actes ou de non-actes meilleurs !
Bien dit, bien écrit.