Août 1914
Dans la petite ville de M. dans le département du Rhône, Henri se promène avec son petit fils Camille, âgé de 10 ans.
- Dis Grand-père, papa va partir à la guerre ?
- Oui mon petit.
- Et toi tu vas partir aussi ?
- Non, je suis trop vieux, je vais rester ici pour veiller sur toi, ta mère et ta petite soeur.
- Je voudrais bien y aller moi aussi à la guerre...
- Ne dis pas ça, mon petit, la guerre c'est horrible, cruel, .. Ah si seulement notre grand Jaurès n'avait pas été assassiné...
Et Henri s'abîma dans un long silence.
Le lendemain, un dimanche, Henri emmena son petit fils voir le Viaduc de Tarare
- Regarde mon petit Camille cette belle réalisation ! Les hommes sont capables de grands choses, pensons à Pasteur, à Hugo et à bien d'autres.... et hélas ils sont aussi capables du pire, la guerre.
Avant de partir rejoindre son régiment, le père de Camille remit un pendentif à son épouse. Au bout de la chaîne, il y avait un médaillon qui s'ouvrait et dévoilait le visage de sa belle aîeule, morte pendant la révolution de 1789. Ce bijou, par tradition devait être remis de mère en fille à chaque génération.
- je n'ai pas eu de soeur, alors c'est à notre fille qu'il doit revenir. J'aurais dû lui remettre à sa majorité mais compte tenu des évènements, je te le confie.
Les adieux furent pénibles.
Camille, en larmes, alla se réfugier auprès de son animal familier, un petit lapin qu'il avait dénommé Jeannot.
Fin 1919
Le père de Camille revint après une longue hospitalisation. Défiguré, il appréhendait la réaction de sa famille.
Père, dit-il à Henri, je ne peux reprendre mon métier d'ingénieur. Je souhaite changer de vie. J'ai toujours aimé le cirque. Je veux devenir clown. Grâce au maquillage, les enfants n'auront plus peur.
Désemparé, Henri le laissa partir.
Camille pleurait, inconsolable.
Le grand-père s'approcha et lui dit doucement :
- Mon petit chéri, je t'avais pourtant prévenu : c'est moche la guerre.
Le père de Camille n'avait pas renoncé à retrouver son visage d'avant.Il subit encore de nombreuses opérations et son apparence s'améliora.
Il quitta le cirque, revint vers sa famille et la vie reprit son cours presque normal.
Camille se promit de devenir chirurgien esthéticien.
Au fil du temps.... les vocations surgissent.
RépondreSupprimerUn instant, je me suis rappelé le film: la chambre des officiers; film qui rendait hommage à toutes "ces gueules cassées"....
il est très fréquent qu'une vocation de soignant vienne après un tel drame
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