Lorsque j’ai entendu, plus qu’écouté
cette musique, j’ai été tentée d’éteindre mon ordinateur et de partir promener
ma chienne Neige ! J’étais dans un film d’horreur ou d’épouvante.
Pourtant, je me suis allongée et...
J’étais une belle musique, celle
des troubadours et des ménestrels mais les écoutait-on vraiment. J’étais aussi
une belle musique dans les abbayes quand le chœur des hommes raisonnait à faire
trembler les murs. J’étais encore de la bonne musique quand on inventait des « outils »
sommaires pour faire vibrer les sons ; des bambous et des roseaux pour
souffler, des maracas à agiter, des caisses pour frapper et résonner ; peu
importe le nom que les peuples leur donnaient. Il y avait de la mélodie de
l’harmonie et du rythme. Les belles dames du temps jadis accompagnaient leurs chants
des sons cristallins d’une harpe.
J’étais encore de la belle
musique quand le temps passant, les instruments se perfectionnaient, se
modernisaient. J’ai pris du grade, on m’a jouée en accord. On a mis des bois
puis des cuivres pour que les épinettes, clavecins, violons, pianos et dérivés,
soient sublimés. Tout le monde jouait ensemble ; il a bien fallu mettre un
chef, un chef d’orchestre pour mettre tout le monde d’accord et garder le bon
tempo.
Que de belles musiques ont été
écrites…. Que de belles musiques ont été interprétées, en solo ou en quatuor,
instrumentale ou chantée. Tout musicien était artiste. La musique fut composée
on a même inventé des signes musicaux, des règles universelles de composition.
Comment ne pas fondre en écoutant
les Requiem de Mozart ou de Fauré. Comment ne pas vibrer en entendant les
fantaisies de Schumann ou les Symphonies de Beethoven ou un concerto de Brahms
ou de Rachmaninov.
J’étais toujours une bonne et
belle musique quand on s’est mis à valser sur mes notes, à faire des quadrilles
et autres gigues, bourrées et sardanes. J’étais heureuse, on dansait et on
riait même si j’ai parfois perdu de ma beauté et de mon rayonnement quand les hommes se sont fait la
guerre…Les canons jouaient trop forts.
Un jour, le jazz est arrivé, Louis
Armstrong, Louis Prima, Sidney Bechet et m’a redonné une autre vie et l’espoir est
revenu. J’étais différente, j’éclatais en morceaux dans des microsillons, Je me
suis mise à accompagner des films, sentimentaux, aventures, Westerns,
policiers. Tout le monde m’écoutait attentivement ; Ah Tino Rossi ! Jean
Lumière, jean Sablon puis Charles Trenet.
Puis, le twist et le rock se sont
jetés sur moi et j’ai été dézinguée, affolée. La vague de yéyé m’emportait. Je
suis devenue « tubes » façonnés pour un public délirant. On ne me joue
plus on me hurle dessus avec des sons synthétisés. Où sont mes portées de
notes… mes dièses et mes bémols ; mes clefs d’ut et de sol.
Au beau milieu de ce tintamarre,
des voix se sont mises à susurrer ; « le ciel, le soleil et la
mer » ou « La mer sans arrêt roulait ses galets ». Je frémis de
plaisir et je retrouvais ma joie de vivre ; je retrouvais ma dignité
symphonique.
Je sais maintenant que je suis
multiple.
Toujours allongée, les yeux
fermés… Que chacun fasse son choix !
inspiré par "Don't Wanna Fight" de Alabama Shakes : https://www.youtube.com/watch?v=nin-fiNz50M
"Take me to church" de Hozier : https://www.youtube.com/watch?v=c-tW0CkvdDI"Dead inside" de Muse : https://www.youtube.com/watch?v=I5sJhSNUkwQ
On n'a que l'embarras du choix et c'est bien le mot "embarras" qui sonne faux. Chacun vibre à son envie puisqu'il n'est question que de vibration, de rythme et de vibration... et parfois aussi de paroles sensées, de celles qu'on n'oublie jamais
RépondreSupprimerquelle belle idée de texte, Lillou. La musique est universelle ; elle change sans cesse mais demeure toujours. Et quand de belles paroles s'en mêlent encore alors c'est du bonheur :o)
RépondreSupprimersuper là où ça t'a emmené ! comme dans une forme de voyage où tu as revisité ton rapport à la musique, ou aux musiques je devrais plutôt dire
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