dimanche 1 mai 2016

Tiniak - Le carrelet

Echelle de valeurs

Ah, tiens ? Je marche en corps…
C’est malin; pas nouveau… C’est touchante attention…
Ça gratte un brin au fond, mais c’est de l’eau bénite !
Je marche un peu plus vite…

Bon, il m’en reste encore
- fèves dans mes gâteaux, quelques cartons d’invites…
Aussi, vais-je bon train
promener Mon Bon Chien à la queue qui s’agite
loin des plains quotidiens
remettre le paquet sur l'écheveau

Je passe une guérite…

Voici qu’un chant de mars vibre dans cet avril
Ce n’est pas opportun !
Qu’en dirais-tu, Le Chien ?
Rien, vraiment ? Oh, très bien !
Allons vers la presqu’île…

Bonjour, Mademoiselle
C’est pourquoi, ces ficelles ?
Un attrape-… nigaud ?
Et pour mon rêve en do, feriez-vous la vaisselle ?

J’écourte un fandango…

Mains croisées au garrot, je regarde mon ventre
Il dit : « C’est quand, tu rentres ? »
Et je sors une esquive
Et je longe – tu sais… toujours la même rive
au long du morne fleuve
où je vais retirer toujours la même épreuve

C’est le soir, désormais, ma petite compagne…
Je lui verse mon dû
Evidemment, des glands vont passer là-dessus…
Je suis par trop déchu pour y mener campagne
Ça me f'rait mal au ch'veu, tiens même !
de lancer l’À-Quoi-Bon sur leurs pauvres « je t’aime »

Je te fronde, Cyclope…

Rendu à l'embouchure, il fait meilleur, ce soir
Le temps de prendre au bond une chère interlope
(elle aussi nyctalope)
Le temps d’un cor à cri, nous oublions l’espoir
(sans craindre nos soli)

Et la plage, déserte
n’en est pas moins diserte
quand, l’affaire conclue
je me gratte le cul
pour en virer le sable

Je dore au fond d’un puits…

Je ne vois plus de ciel
que celui de l'échelle
apparue sans un bruit
dans cette faste nuit
(orné d’un couperet, qu'il est)

Une marche âpre, et l’autre, et bientôt la suivante
Elle est rude, la pente
J’éprouve sa charpente et, soudain, je me vautre !
Ah, ce n’est pas de jeu !
Qu'as-tu fait de mon vœu, Guillotine ?

Je reconte mes doigts…

Bien ! Il en manque trois !!
Boh, allez… avec sept
- malgré ce mal en tête
je peux curer mon foie
des humeurs intestines qui l'embêtent

Je range un mésespoir
dans cette basse armoire
garnie de trahisons
tartinées dans les plis du linge de maison

Si je veux, je suis niais !
J’orange mes crayons…

D’où que pleure ma joie
ce n’est qu’une allume-être
...Soit, saule n’est pas hêtre
mais, pour leur donner foi
d’un même et doux reflet
l'eau ne fait que passer

De ce fleuve à l'amer, nul choix !

N'en pas trop dire...
Et n'arracher jamais, qu'en offrande, un soupir

Tant va l'heure à l'échelle
qu'en sa libre et inquiète et simple ritournelle
murmure l'arabesque, aux marches du poème
"... selon moi, ...comment j'aime"

Où retirer quelques épreuves, et un Jules

12 commentaires:

  1. L'as-tu bien descendue? l'échelle de valeurs... ah la bonne heure :)

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  2. Peu importe les sens pourvu qu'on ait l'ivresse et ce texte, il la donne au centuple ! C'est exaltant.

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    1. Je ne doutais pas que tu ouvrirais ces portes pour y placer tasensibilité, chère Scribouilleuse (c'est ainsi que je qualifie les membres des Impromptus) ;)

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  3. où l'on retrouve certains de tes maîtres poètes sur l'échelle de tes valeurs...
    une nouvelle fois, je te dis : chapeau l'ami :)

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    1. 0_0 comment sais-tu que je ne sors jamais découvert ? Hé, hé !
      En effet, nombre de mes "maitres" en poLésie se trouvent ici célébrés. Merci du coup d'oeil, Miss Tiss' ♥

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  4. Qu'en des territoires inexplorés tu nous mènes, où sans tes mots profonds pour guide nous n'eussions su pénétrer...

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    1. Merci JC. C'est en effet tout l'enjeu de la poésie, selon moi (et quelques autres, plus illustres) : ouvrir des portes sur l'autre face du réel. ;)

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  5. Un long poème dont j'ai dégusté les mots, un long poème comme un monologue intérieur qui glisse doucement sur la pente... qui descend ou remonte, peu importe... je me suis laissée balloter au gré de tous les échelons...

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    1. Ah ça ! On peut même parler de logorrhée (genre où Jules Laforgue excella).
      Ravi que tu l'apprécies, chère Clémence.

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