Rencontre
Le soleil de mars jongle avec la
grêle. De longues traînes orange, de drôles de nuées
filandreuses enflamment l’horizon ouest, tandis que le ciel au
large se fait noir de Chine. J’aime cette plage grise, loin
du monde. Un grain s’annonce. Et j’ai froid. Une silhouette
apparaît soudain, comme un songe, sur la frange mousseuse entre
sable et vagues. Une femme, nappée dans une robe de sucre d’organdi,
une femme à la démarche étrange, comme flottant au-dessus du sol.
Je dois partir. Avant qu’elle ne me
voie. Je suis trop laid. Mes cicatrices vont l’effrayer, c’est
certain. Je ne suis pas de ceux qui peuvent enjôler les
filles. Mon accident a fait de moi un monstre grimaçant. Un
pitoyable Quasimodo, au visage ravagé comme un champ de mines.
Mais je trébuche en heurtant un rocher
et je hurle à la mort de mon ongle de gros orteil. Et voilà
Esmeralda qui s’approche. Je panique. Bon sang, ma cheville !
J’ai le cœur en bataille.
Bonjour, ça va aller ? dit-elle
en souriant. Le lagon turquoise de ses yeux me fascine. Leur
éclat me perce de part en part.
Moi c’est Angel, sans e. Et
vous ?
Bon sang, pourquoi ne fuit-elle pas
avec cette mine épouvantée et ce haut-le-cœur que mon apparition
déclenche toujours ?
Euh…moi c’est Léo. Sans espoir.
Devant son
sourcil froncé, je n’ose pas lui raconter ma vie, la voiture en
flammes, le basculement en un instant, les mois d’hôpital, ma vie
de paria. Angel regarde la mer en souriant toujours. Sa main rose et
douce glane machinalement les grains de sable sur mon bras.
Son parfum m’étourdit. Son corps parfait…Elle est belle comme un
tableau de Monet, une corbeille de fruits défendus, pommes rouges,
poires sucrées, grains de raisins juteux…je défaille. Un éclair
fait craquer le ciel.
C’est une longue histoire…Mais
parlez-moi plutôt de vous…
Oh, moi, j’essaie simplement de
lutter …
Lutter ?
Comme tu parles bien des corbeilles de fruits défendus, et cette Esmeralda et son Quasimodo sont bien attendrissants
RépondreSupprimerIl s'avèrera que les fruit ne lui seront plus défendus...
SupprimerCar c'est une histoire vraie que je raconte. Dans le village de mes parents, l'homme le plus laid du village avait épousé une fille super belle. Il était gentil, prévenant, elle était aveugle, et leur histoire est la plus belle que je connaisse. Ils ont vécu ensemble pendant plus de cinquante ans...Attendrissante, c'est le mot.
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Très beau ....
SupprimerMerci beaucoup Annick.
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Un film à voir absolument, pour son esthétique,et le sujet qu'il traite en plein accord avec ton billet : "Au revoir là haut".
RépondreSupprimerJe l'ai vu et j'ai adoré.
SupprimerSplendide. Du grand Dupontel.
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Plein d'émotion - et crescendo brutal vers l'inattendu à la dernière phrase, très beau texte inspiré.
RépondreSupprimerAh...JC, je suis en plein accord avec mon billet du jour sur mon blog...
SupprimerJ'aime l'inattendu. Merci pour tes mots.
Bisous émus.
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La reine de l'inattendu m'a encore tuer ! Deux natures mortes pour le prix d'une... histoire d'amour ! On a encore fait une affaire !
RépondreSupprimerHé hé ! La force de l'amour !
SupprimerMerci cher Oncle.
♥
La force de l'amour c'est quand il dépasse l'enveloppe physique; quand il va au delà de la carcasse. Quand il s'étend à tout l'être. On ne voit bien qu'avec le coeur, c'est vrai. La beauté de l'être ne se réduit pas à son aspect extérieur . Et je sais Céleste combien ta beauté rayonne en tout ce que tu écris et nous donnes a lire comme ce beau récit qui rappelle tant celui de la Belle et la Bête.....et pourtant, tu le dis , ton récit évoqué un fait réel et beau.
RépondreSupprimerMerci pour ce partage
Merci Petrus. C'est gentil d'être venu poser tes mots par ici.
SupprimerBises étoilées
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Ch' uis fatigué par le travail ... je crois que je vais être bientôt dcd ... viens en au fait, c' est quoi le résumé de ton histoire ? ;o)
RépondreSupprimerLe résumé ? On ne voit bien qu'avec le coeur...
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
C'est très sensible et pour tout dire, cela n'est pas en désaccord avec Monet dans le cadre d'une plage ! Sans doute eut-il fait abstraction des amoureux et de leur belle histoire ? C'est bien que Célestine en ait brossé les fines et tressaillantes luminescences...
RépondreSupprimerOui j'ai sûrement été influencée par les merveilleuses plages de Monet...Ces chariots de nuages, ces grèves vides au bord d'une mer aux couleurs indéfinissables...
SupprimerMerci pour ces tressaillantes luminescences. ;-)
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c'est très beau j'aime beaucoup
RépondreSupprimeravec oui une fin inattendue et aussi une utilisation si belle du tableau
oui des mots à défaillir
je t'ai mis un petit lien en com'
sous mon teske
bisous cavaliers
:)
Merci pour le lien, cher Cavalier des Origines
SupprimerJ'ai aimé ton antre aux pies.
Bisous emballés
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Jusqu'à la chute, je dis bien JUSQU'À LA CHUTE, j'ai pensé au merveilleux film "Angela" de Luc Besson.
RépondreSupprimerJe n'ai pas vu le film, mais la bande annonce m'apprend que la fille s'appelle Angel...Je suppose que c'est pour cela :-)
SupprimerBises
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L'ironie du sort qui agit à l'aveugle... En voilà une belle déclinaison, à la Maupassant (mot passant ? mais pas sans raison !). Bien joué, très chère étoile ☆ ;)
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