Interdépendance
Contempler un tableau se fait de sa surface,
Et l’idée ne vient pas d’y glaner d’autre trace
Que ce que l’œil perçoit, ou que l’esprit pressent
Des intentions du peintre telles qu’on les ressent.
Mais une vue plus large nous désigne l’orage
Et le soleil d’été qui fit croître le lin,
Les années de patience développant les pins,
Tisseur et menuisier achevant leur ouvrage ;
Ainsi du chevalet, pinceau toile et couleur,
Nourriture du peintre, verre et vin sur la table,
Un immense réseau, de ses liens innombrables,
Relie jusqu’au cosmos l’acte du créateur.
Le décompte infini des sujets enrôlés
Participant à l’œuvre donnerait le vertige,
Qui du tableau fini quel que soit le prestige,
En interdépendance sont présence obligée.
Qui sait si d’autres cadres, ou d’autres accessoires,
Ou bien si l’épicier n’avait pas eu de poires,
Ceci de ce tableau n’eût changé le destin,
Qui de nature morte pût finir Diane au bain…
Où lire JCP
Contempler un tableau se fait de sa surface,
Et l’idée ne vient pas d’y glaner d’autre trace
Que ce que l’œil perçoit, ou que l’esprit pressent
Des intentions du peintre telles qu’on les ressent.
Mais une vue plus large nous désigne l’orage
Et le soleil d’été qui fit croître le lin,
Les années de patience développant les pins,
Tisseur et menuisier achevant leur ouvrage ;
Ainsi du chevalet, pinceau toile et couleur,
Nourriture du peintre, verre et vin sur la table,
Un immense réseau, de ses liens innombrables,
Relie jusqu’au cosmos l’acte du créateur.
Le décompte infini des sujets enrôlés
Participant à l’œuvre donnerait le vertige,
Qui du tableau fini quel que soit le prestige,
En interdépendance sont présence obligée.
Qui sait si d’autres cadres, ou d’autres accessoires,
Ou bien si l’épicier n’avait pas eu de poires,
Ceci de ce tableau n’eût changé le destin,
Qui de nature morte pût finir Diane au bain…
Où lire JCP
Quand l'inspiration nous saisit , on ne sait en effet à qui vraiment l'attribuer. Et c'est peut-être ce mystère qui fait tout son charme d'ailleurs dans l'art ! Les interprétations multiples s'ensuivent ... J'ai beaucoup aimé ce poème !
RépondreSupprimerL'inspiration, qu'on pourrait appeler chienne adorable, ne répond pas toujours quand on l'appelle...
SupprimerIci, en effet, je pensais pas sortir du sujet de cette manière : aujourd'hui ça fonctionne, demain, non (ou le contraire).
Merci.
ha ha fameux, oui l'aile du papillon peut tout changer
RépondreSupprimeret pas que le climat
un tableau et un orage, des liens et un réseau, oui, ça me fait penser à un petit texte (pardon d'en mettre parfois...)par moi, il y a lurette, écrit :
Faute de goût - en une autre dimension…
… et de couleur. Que nenni des conseilleurs
Il était une fois au beau Royaume de France, un pauvre vagabond qui errait parfois, lamentable, du côté de Notre Dame. Là, se trouvait l’atelier d’un peintre talentueux peu connu. Le grand hall servait d’abri en cas de froidure ou d’ondée soudaine à tous les passants du voisinage. Par la grande baie vitrée, on pouvait admirer les chefs-d’œuvre des artistes et des jeunes apprentis.
Notre pauvre hère souffreteux et diabétique poussa un jour la porte de l’atelier. Sous la houlette du maître il entreprit ainsi de peindre quelques tableaux. Des effluves il se régalait, et d’oxyde de chrome aussi. Sans modération dans sa bibine de dix heures. Il n’eut bientôt plus ni urée ni sucre. Sa santé se réchauffait.
Un peu bardot, un peu cabot aussi, il n’apprit les lignes de fuite ni d’horizon, ni les mélanges de pigments, de terres et de couleurs. Aucune base. Qu’à sa tête il n’en faisait. Le maître se décourageait. Mulet il était.
Un jour, une Marquise et sa cour s’engouffrèrent, sous la fureur noire d’un orage violent. Un beau mignon, intrigué, s’approcha de la paroi de verre. Oh c’est étrange, bizarre, cette trogne ne m’est pas inconnue. Ce doit être un extra de nos orgies. Ou plus si affinités.
Ils se bousculèrent en pouffant, dans l’atelier. Epoustouflée, la Marquise s’extasia devant la splendeur du tableau du manant. Elle demanda quel était son nom.
- Si Principessa, moi c'é Nanard… Ah, questa ? … bé c’é Mona …
:)
Excellent !
Supprimeret merci d'avoir pris le temps pour cette longue réponse, que j'apprécie infiniment.
L'"effet papillon" en effet...
Ta réflexion m'a fait prendre conscience du vertige que peut provoquer la vision d'une nature "déclarée" morte !
RépondreSupprimerOn est assez peu de chose n'est-ce pas...
Supprimer...et j'ai connu quelqu'un qui, toute sa vie regretta que, sa mère n'ayant pas connu son père, on le nommât non-né.
C'est exactement cela JCP... La nature morte ouvre sur les questions existentielles cruciales. Depuis les Vanités de la période baroque qui orchestrent les éléments de la composition autour de la réflexion sur le périssable des choses et par extension de l'humain, jusqu'aux natures mortes monumentales de Georges Braque (que j'ai toujours préféré à Picasso pour la profonde philosophie sur laquelle se fondent ses oeuvres). Malheureusement le sujet est parfois dévoyé, comme l'art en général, par des faiseurs de belles images qui le vide de sa fonction essentiel.
RépondreSupprimerMerci beaucoup, je connais pas la peinture dans tous ses aspects, ni en toute profondeur, mais je suis d'accord avec toi.
SupprimerL'art en effet, surtout de nos jours, est tellement médiatisé - déformé donc -, et privé de ses intentions authentiques...
Nature morte ou Diane au bain, là ou je suis d'accord avec vous c'est qu'il a toujours à la fin un béotien qui croque la pomme !
RépondreSupprimerMais attention, Un seul regard sur sa chaste nudité et nous voilà, comme Actéon jadis, transformé en cerf, et dévoré par la meute des chiens qui ne reconnaît pas le chasseur, leur maître, métamorphosé.
RépondreSupprimerAussi quelle idée de se baigner nue hors de sa baignoire ; certes, il n'y a pas de lois contre la provocation au fameux "harcèlement"... ; tiens, ce serait trop d'actualité, ça... stop.
Qui est féroce, qui est coupable dans le dénouement de ce mythe ?... mais j'ai rien dit, rien dit du tout.
C'est trop beau ce que tu écris...Et la teneur des commentaires aussi !
RépondreSupprimerje me sens un peu ...béotienne sur ce coup-là. Je vais aller croquer la pomme. ;-)
¸¸.•*¨*• ☆
Merci beaucoup Célestine, mais il faut tempérer : aujourd'hui un petit peu inspiré, demain complètement à sec... et il y a de plus grands talents sur Les Impromptus.
SupprimerJ'ai passé de nombreux mois sans pouvoir venir ici, faute de mots. J'espère pouvoir continuer un peu.
Ouh, la claaasse (sic) !! Trop fort, le JCP. Mazette !!
RépondreSupprimerOh, tu crois, quelques mots, quoi.
SupprimerJe voulais pas commenter le tableau...
Excellent ! Nous nous amène à voir tout ce qui peut y avoir derrière le tableau, nous qui pouvons nous limiter à de simples fruits en éludant la question de leur récolte et de la genèse du tableau. Merci beaucoup.
RépondreSupprimerAh, j'ai oublié le pommier, l'échelle et la fille du marchand de pommes, bon sang, c'est bien sûr !
SupprimerMerci TTLT (si tu m'y autorises,je me permets ces initiales).