"POD’LAPINPO
! POD’LAPINPO !"
Pod’lapinpo,
comme je le nommais, me terrorisait.
Un homme,
barbe hirsute, vêtements en désordre, une femme à ses côtés, un chien,
formaient, pour la petite fille que j’étais, un tableau effrayant.
Ils
remontaient la Grand Rue, (rue Victor Hugo), poussant une charrette, récoltant
des peaux de lapins.
"Mes
royans ! Mes royans frais !"
De mes
vacances d’été, impasse Mauvezin, autre litanie. Une femme, voix rauque,
vantait un poisson de Royan. Intriguée, je ne comprenais pas pourquoi
elle faisait le déplacement du port de Royan à Arcachon, où, me
semblait-il, en abondance, étaient péchés des poissons. Qu’avait de plus cette
sardine, pour venir de si loin ?
Les jeudis,
jours sans école, se passaient parfois à Bordeaux. Les après-midi, coup
de sonnette attendu : « Le caillé. »
Un homme,
arrivant de la périphérie de Bordeaux, cela lui faisait bien une trentaine de
kilomètres, transportant, à l'arrière de son vélo, bidons de lait de
brebis, et petites fioles.
Sur la table
de la cuisine de ma grand mère, l'attendait un grand saladier, dans lequel il
versait le lait ; et rajoutait ses potions magiques*. S’accomplissait un
miracle. Le contenu du récipient se solidifiait, offrant une surface lisse et
miroitante. Alors on pouvait déguster ce délicieux mets, légèrement
vanillé, consistance légèrement ferme, fondant dans la
bouche.
* Plus
tard, je compris que c'était de la présure et des parfums, vanille ou citron
(peut-être, aussi framboise ou fraise...)
ah comme tu nous les fais bien ressentir les sensations de l'enfance : de la peur à la gourmandise !
RépondreSupprimeret merci d'avoir réactivé à ma mémoire les caillés, ceux que j'appréciais tant de ma grand-mère :)
Le mien gueulait d'une voix limée par le Muscadet à la pression : "chippoferraillabooooô" ce qui voulait dire dans son langage : chiffons, ferraille, et peaux !
RépondreSupprimerMême époque , mêmes souvenirs. ];-D
ah les jolis souvenirs, oui c'est ça qu'il disait "peau de lapin peau"
RépondreSupprimerJacou : mon marchand de caillé (caillade ici) passe devant chez moi tous les samedis et apporte ses fromages frais provenant de sa ferme. Un délice que je consomme avec sel, poivre, fines herbes et oignon blanc en saison. On appelle l'ensemble un Batistou ! Certains y ajoutent une goutte d'huile d'olive.
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