Épreuves paralimbiques
Sur la pierre de Caen, l'or était à pleurer
quand le ciel, déclinant mon invite, fuyait
un hiver opiniâtre étalant son glacis
mêlé de blancs-mangers émiettés en grésil
pour finir en gelée plus froide qu'un lent deuil
qui me crispait les doigts et m'aveuglait un œil
Le printemps se tenait, pourtant, en embuscade
disant son chapelet de buisson en calade
bourgeonnant çà et là, j'en sentais les prémisses
timides, parfumer ses algides esquisses
mais le froid persistant... et quelques cigarettes
m'engourdissaient le nez, pis qu'un jus de chaussette !
Des vents se renvoyaient les orgues sépulcrales
- aux échos saisissants ! du long sommeil hiémal
où je ne percevais plus que la plainte sourde
et résignée du temps affectant mes esgourdes
(ce fracas silencieux, c'est à n'y rien entendre
et laisser sa chanson mouronner sous la cendre)
Voulant pousser la mienne et sa clameur farouche
je remâchai ma peine et ouvris grand la bouche
Un relent de brandade envahit mon palais
et, dans le même instant, je fermais mon clapet
Moi qui n'ai jamais craint d'exhaler mes courroux
je m'étonnai soudain de n'y prendre plus goût !
Puis, j'ai tendu la main vers la seule misère
qui parle comme moi, mais siège cul à terre
pour lui raccorder ma pièce d'humanité
à son tas de chiffons et de journaux papier
quand - surprise ! un juron jaillit de l'agrégat
Ben... sans aller au front, ça m'a coûté un bras !
Où reprendre ses sens...
j'entends cette peine, elle me traverse dans cet air d'un printemps qui tait son nom :(
RépondreSupprimerTu cherchais des angelots, tu n'as trouvé qu'engelures... et l'amputation !
RépondreSupprimerLe printemps se hâte lentement
RépondreSupprimerJe l'attends bêtement
Venant de moi assurément
Pourrait il en être autrement ?
Assurément, oui ! C'est la question que pose - quand vient le temps de s'y asseoir... à chaque mot, à chaque vers, ma poLétique : "mais non, tout n'est pas si fluide que le rythme apparent; assieds-toi, prends le temps et déguste ! C'est là, dans ton histoire, que mon propos est juste... à la frontière. Où ton cœur inconnu bat à travers le buste... et m'entends, et me tend sa perche sur la rivière.
SupprimerDu style, comme j'aime, et sur 30 vers en plus, bravo.
RépondreSupprimerPour ce foutu printemps, j'ai mon idée : Y aurait une cagade (on dit comme ça ici) dans le système solaire que j'en serais pas surpris : si ça s'était mis à tourner à l'envers tout ça ? et qu'on soit retournés en janvier ? et que dans quinze jours ça soit Noël ?...
5 sens, déclinés en 30 alexandrins; oui, oui...
SupprimerSoit, une vision à 360-(°)-pieds, où l'arroseur fini arrosé ! Hé hé :)
Tout d'abord, première lecture éclats de rire et autodérision = il y a quelques mots que je ne connais pas !!!
RépondreSupprimerEnsuite, deuxième lecture à voix haute, je me laisse bercer par les sons et l'humour et c'est agréable.
Merci !
Je suppose qu'il s'agit de ceux-ci :
SupprimerLe blanc-manger = dessert gélatineux sucré-salé;
La calade = rupture en plan incliné d'une carrière où on dresse les chevaux;
algide = froid, glacial;
hiémal = terme plutôt médical pour décrire l'état d'hibernation;
Voilà voilà ;)
Aujourd'hui c'est printemps et dehors... "je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie " , ouf car sur la pierre de Caen il en va autrement !!! ;-)
RépondreSupprimerMapie, ma sœur Mapie... tu peux voir l'effet du soleil couchant sur le calcaire de Caen, un peu partout en France. Napoléon (premier) l'a étendue à tous ses édifices régaliens, au premier rang desquels, les palais de "justice" (quand on connaît le sagouin, ça fait rire... jaune, donc moins orangé que la magie crépusculaire sur cette pierre) ;)
RépondreSupprimerC'est bien amené ! :)
RépondreSupprimerQue t'a -t-il fait la misère à terre pour que ça te coûte un bras ? Il avait un sabre ? Ou alors il t'a pris ton porte feuille ? :-)
RépondreSupprimerCe poème me fait penser à Villon.
Quelle forme ! Et ta mère de se réjouir des commentaires qu'elle fait fleurir...
RépondreSupprimerOui, on est bien ici ;)
Supprimer