samedi 24 mars 2018

Marité - Ça m'a quand même coûté un bras

A vot' bon cœur !


Mes chers amis.

Étant dans le complet dénuement, je me vois contrainte aujourd'hui de faire appel à votre générosité.

Voici les faits. Comme vous le savez sans doute, j'étais, avec mon amie Josette, femme de chambre de la vieille comtesse Roumanov à Moscou. Plus par espièglerie que par désir de briller, Josette et moi subtilisions souvent des bristols à la comtesse et nous rendions aux réceptions du comte Krapov
dont les largesses étaient connues dans toute la Russie.

Nous nous servions dans les armoires largement pourvues de la comtesse et grâce au talent de couturière de Josette, ajustions les robes et vêtements d'apparat à nos mesures. Fréquentant le grand monde, nous n'avions nulle peine à faire illusion en ce qui concerne les bonnes manières. Bien que Josette ait quelquefois failli nous faire prendre par ses écarts de langage.

J'ai rencontré, au cours d'une soirée la nièce du comte, Célestine de Beauregard qui revenait des Indes, accompagnée par son chevalier servant, le maharadja de Jaipur. J'ai surpris une conversation entre la jeune fille et sa cousine Tisseuse. Célestine se plaisait à raconter à Tisseuse que pour occuper les longues journées au palais du prince hindou, elle s'était mise à écrire. Elle a ouvert un splendide coffret écritoire en marocain fauve et or et en a extrait des feuillets couverts d'une écriture élégante. Elles pouffaient toutes les deux en lisant certaines pages.

Mademoiselle fut prise soudain d'un malaise et on la transporta au coin d'une cheminée où flambait un énorme feu de bois. Je ne pus résister et me saisis de l'écritoire abandonné sur une console de marbre. J'étais curieuse de connaître les motifs d'hilarité des deux jeunes filles. Je fus dérangée par l'arrivée inopinée de JPC qui furetait partout comme à son habitude. On le disait espion au service du Tsar.

Je glissais rapidement un feuillet dans ma manche et reposais vivement le coffret à sa place. Plus tard, je lus avidement le document et découvris qu'il contenait, alignées les unes au-dessous des autres quantité d'idées pouvant facilement faire l'objet d'un roman.

Un projet un peu fou commença alors à germer dans ma tête. Je me mis à écrire en m'inspirant de ces sources. Mais des évènements graves nous obligèrent à rentrer en France avec tous les aristocrates fuyant les rouges.

La vieille comtesse préféra rester à Moscou et Josette et moi dûmes chercher du travail à Paris. Les temps étaient durs et nous manquions d'argent. Je songeais alors à mon manuscrit et le portais à une maison d'édition, les Impromptus Littéraires.

Le roman fut publié et remporta un certain succès. Je ne sais comment Célestine de Beauregard - qui vivait chichement, son Maharadja l'ayant quittée - lut l'ouvrage et reconnut sa patte. Voyant là l'occasion de gagner de l'argent, elle ne trouva rien de mieux que de m'intenter un procès. Que j'ai perdu bien entendu, Mademoiselle ayant beaucoup de relations.

Ce coup d'éclat m'a quand même coûté un bras, chers amis : 300 000 francs que je dois à Mademoiselle de Beauregard qui est désormais connue sous son nom d'auteur : Célestine Troussecotte.
J'ai essayé bien entendu de joindre toutes les personnes qui fréquentaient les salons du comte Krapov, la plupart résidant maintenant à Paris. Hélas, ils sont pratiquement tous désargentés et ne peuvent m'apporter leur aide. J'ai demandé à Josette de me conduire au comte qu'elle avait rencontré au volant d'un taxi poussif qu'il chouchoute à grands renforts de "alorrrs, mon brrrave, toi pas abandonner le comte, sinon lui meurrrt loin de sa Rrrrussie, pauvrrre moudjik moi devenu. Vodka pas bonne, borrrtsch pas trrrouver dans rrrestaurant. Moi, trrrès malheurrreux." Inutile d'insister !

J'espère que vous comprendrez mon désarroi et me viendrez en aide. Que ceux qui sont touchés par mes déboires contactent les Impromptus Littéraires et demandent Lilou ou Vegas ou Tisseuse reconvertie en assistante d'édition. Merci d'avance chers amis. Je connais votre grandeur d'âme et suis certaine que vous ne m'abandonnerez pas.

Marité.

10 commentaires:

  1. je pense qu'on pourrait créer un financement collaboratif pour te renflouer en créant une page à ton nom sur KissKissBankBank :)

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    1. Bingo ! Tisseuse, tu as trouvé la solution mais il n'y a pas beaucoup de répondant à nos sollicitations ! :-)

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  2. Mort de rire à nouveau ! Je voudrais bien t'aider mais le problème est le suivant : où trouver des francs dans la zone monétaire de l'euro et quelle machine à remonter dans le temps peut nous amener à toi en 1925 ? ;-)

    P.S. On ne pourra pas dire que toi et moi ne fournissons pas de pistes susceptibles de transformer ce feuilleton en roman ! Bon week-end, Marité ! ;-)

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    1. Merci Joe ! Bon dimanche à toi aussi ! :-)

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  3. Ah la gredine ! Je crois que je la connais je l'appelle Célestoche belles châsses, forcément toi et moi ne fréquentons pas le même monde, toi c'est Danieli et Lido, moi c'est Balajo et Mikado !
    Mais je ne suis pas une donneuse et Célestoche belles châsses je ne la balancerai pas ! ];-D

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    1. J' ai des infos à ce sujet, vu que je suis un yaca de la Répression du Banditisme. Donnez rien, Marité est fichée !;o)

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    2. Ceci dit ... Célestine, ça fait combien de temps que vous n' avez pas lu un de ces textes ? Boon ... je lâche l' affaire, elle est en zonzon avec toute sa bande. Voila !;o)

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  4. enfin un épisode où ma majesté
    apparaît enfin
    moi chevalier servant, le maharadja de Jaipur
    parti courir le guilledou avec une danseuse étoile
    à peine étoilée
    je dis que cette série me fait bien rire

    mais je me demande bien si elle aura une suite...

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    1. Ah ! Cavalier, on verra. Il ne faudrait pas non plus agacer les autres. Moi, ça me va très bien parce que je m'amuse mais je ne suis pas seule ici ! ;-)

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  5. c'est bien ce que nous voulions dire... :)

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