La Roumanov.
- Bonjour Marité. Je te
demande pas comment tu te portes. Ça va fort, il paraît.
- Bonjour Josette. Oui,
ça va bien. Mais toi, je te connais, tu tournes pas rond
aujourd'hui.
- Il va falloir qu'on
parle. Et sérieusement.
- Je t'écoute.
Marité commence à avoir
une petite idée et se dit : respire un bon coup ma vieille. Elle va
attaquer.
- Je ne vais pas y aller
par trente six chemins. Qu'est ce que tu foutais chez les Krapov
Marité ?
- Quoi ? Mais j'étais
invitée...
- Tu manques pas d'air ma
cocotte. Tu as oublié un peu vite que la Roumanov, c'est moi. Tu es
sensée être ma dame de compagnie.
- Tu veux dire ta bonne ?
Tu vas pas me faire une pendule si j'ai pris ta place pour une fois.
- Tu ne réfléchis
jamais. Avec tes tours pendables, on va pas tarder à nous démasquer.
Mais comment tu as réussi à usurper mon identité ?
- Ah ben, voilà aut'
chose : usurper l'identité de Madame. C'est trop fort. N'oublie
jamais que c'est moi qui t'ai fait le coup de l'étrier comme dit
Mamée.
- Hihi ! Si tu veux aller
dans le monde, commence par utiliser des expressions à bon escient
et en sachant ce qu'elles veulent dire. Mamée dit souvent, c'est
vrai : mettre le pied à l'étrier...
- Ouais, si tu veux. Je
n'ai peut être pas employé la bonne formule mais je me comprends.
Et c'est moi qui t'ai mis le pied à l'étrier. Voilà. Qui a eu
l'idée de ces mascarades pour avoir ses entrées un peu partout dans
le grand monde ?
- Bon. D'accord. Tu es
très forte comme pique-assiette. Mais il faut faire très attention.
Un beau jour, on se fera gauler et ça ira mal. Mais comment tu as
procédé cette fois ? Parce que le bristol, il était chez moi.
- Ben, je l'ai piqué sur
ta commode.
- Voleuse en plus. C'est
du joli.
- Arrête avec tes grands
airs ! Tu as de l'allure mais il ne faut pas exagérer tout de même.
Quand tu ne fréquentes pas la haute, tu t'encanailles comme moi. On
rigole bien. Tu te souviens à Noël, chez Tom-tom et Mapie ? Quand
tu balançais les crottes en chocolat dégoulinantes de crème contre
les murs pour faire de l'Art ? Quand tu es fin saoule, tu ne sais
plus ce que tu fais, tiens.
- Ça va . Moi je ne
répèterai à personne ce que tu fabriques quand t'es partie. Tu
t'es pas présentée chez le comte en mini-jupe j'espère ?
- T'es folle ? J'avais
mis ma robe longue en mousseline de soie vert d'eau, celle qui montre
que j'ai du monde au balcon pas comme...et la perruque brune avec les
anglaises. Tout le monde m'a prise pour toi, enfin pour la Roumanov.
- Bon. Heureusement.
C'était bien ? L'ambiance ? Le buffet ?
- Les Krapov arrivaient
juste de Saint Petersbourg. Mais on dirait qu'ils tirent quelque peu
le diable par la queue. Ils voulaient en mettre plein la vue mais le
buffet, c'était pas ça. Manquait du caviar et de la vodka. Mais le
foie gras sur toast, il y en avait partout. Et le champagne aussi.
Pas mal dans l'ensemble. Tu sais qu'ils recevaient pour fêter le
retour des Indes de leur nièce Célestine ? Une beauté, celle-ci.
Gracieuse et délicate. Il se murmure qu'elle a beaucoup d'esprit.
- Elle n'est pas mariée
sûrement. Les Krapov cherchent à redorer leur blason en la mettant
dans le lit
d'un vieux riche.
- Je ne crois pas qu'elle
soit une oie blanche. Il y avait un certain Cavalier qui ne la
quittait pas. Beau, celui-là ! Le maharadjah de Jaipur il paraît,
qu'elle a ramené avec elle. En grande tenue. J'ai bien essayé de
m'approcher mais le magnifique ténébreux n'avait d'yeux que pour
Célestine.
- Mais c'est pas
possible. Sois un peu plus discrète : tu vas tout faire capoter. Moi
aussi, je me suis bien amusée imagine-toi. J'étais à la
grand'messe du Crédit Agricole. Quel banquet ma chère ! Et tu ne
devineras jamais. J'étais assise à côté de Pascal D., le grand
PDG de la boîte, tout droit venu de la capitale. Un vrai Monsieur
avec de la conversation et tout et tout. Je te vois venir. Oui, j'ai
réussi...Il ne veut plus me quitter. Mais sa femme, qui se prénomme
Annick n'arrête pas de lui envoyer des sms. Ça m'agace ! On peut
jamais être tranquille, je te jure. Demain, nous allons déjeuner
chez Andiamo, un fou de modélisme. Il s'est mis dans la tête de
nous emmener visiter ses hangars et ses avions. La barbe ! On a mieux
à faire mais bon.
- Moi non plus, je n'ai
pas perdu mon temps chez le comte qui, entre parenthèse a de plus en
plus le nez rouge. La vodka, il doit se la garder pour lui. Il y
avait là un mystérieux JCP très galant, très bien de sa personne
qui m'a conté fleurette toute la soirée. Mais nous n'avons pas
conclu. Un gentleman comme on n'en fait plus. Il m'a donné son 06
quand même.
- Tu as rencontré
d'autres personnes ? Intéressantes, je veux dire.
- Oui. Une autre nièce
des Krapov, Tisseuse de Beauregard, cousine de Célestine a supervisé
la soirée en lieu et place de la comtesse Krapov qui semblait avoir
ses vapeurs. La comtesse est
toujours très belle et
Krapov, malgré ses incartades, revient vers elle. On dit qu'il s'est
récemment entiché d'une peintre nommée Laura. Son ancienne
conquête, Miss Gene la danseuse la fusillait du regard.
Oh ! J'allais oublier.
L'actrice Maryline a fait une apparition. Elle a entonné son
"poupoupidou" célèbre et a été très applaudie. Un
grand Américain, que tout le monde appelait Vegas l'escortait. Le
type cow-boy, tu vois, avec un grand chapeau et une veste à franges.
Et des bottes...qui bottent ! Un sourire carnassier et une rangée de
dents blanches à faire pâlir d'envie tous les mâles de la soirée.
Un russe - un prince je
crois - Tiniakovitch a passé la soirée aux pieds de Célestine à
déclamer des vers. Je me demande si elle l'écoutait vraiment.
Pourtant, il y avait un tel feu dans le regard de cet homme et il
semblait tellement amoureux ! Mais la belle doit être assez frivole.
Elle joue beaucoup de l'éventail et elle ne cessait de pouffer parce
qu'un dénommé Stouf n'arrêtait pas de lui dire : " Comtesse,
mon chat me fixe". Ce doit être un code je pense.
On m'a présenté un
couple assez original : Loht et Lira. Trés élégants et aimables
mais peu diserts. Ils sont apparentés à la comtesse de Beauregard
du côté de la mère de son grand-père. Un peu compliqué. Je n'ai
pas tout suivi.
- Bof. C'est toujours la
même histoire finalement. J'en ai marre de ces gens bien sous tous
rapports. J'ai envie de retrouver les copines pour aller manger des
pieds de cochon et puis ensuite aller danser au Cardinal. T'en dis
quoi Marité ?
- Tu as raison Josette.
Faisons une pause. Tombons le masque et dévergondons-nous pour de
bon.
et voilà les "auteurs impromptus" de nouveau troussés :)
RépondreSupprimerbel et bien, ma foi
j'ai bien ri :)
même si j'ai peu de temps cette semaine pour commenter les textes....
(cela doit être mon karma de superviser)
Et tu le fais si bien chère Tisseuse ! Même chez les Krapov. ;-)
SupprimerOn dirait la famille tuyau de poêle :)
RépondreSupprimersigné: Le grand américain
Mais non ! J'ai écrit que nous étions bien sous tous rapports. Tu vas pas me casser la baraque ? :-)
SupprimerEh bien me voilà habillée (et déshabillée) en bonnet difforme.
RépondreSupprimerMerci pour ce renvoi de balle, Marité.
Je t'avais mis le pied à l'étrier, et j'ai bien ri que tu reprennes le flambeau ;-)
¸¸.•*¨*• ☆
Mais Célestine, je ne t'ai pas taillé un vilain costume si ? :-(
SupprimerTu m'as mis le pied à l'étrier c'est vrai et je te remercie. Pardon mais je ne pouvais pas laisser passer. ;-) Si j'avais pu te joindre, je t'aurais demandé la permission.
Ne m'en veux pas si j'ai quelque peu "modifié" tes personnages.
pas d'inquiétude, Marité, je pense que Célestine fait de l'esprit : "bonnet difforme" en lieu et place de "bonne et due forme" !
Supprimerne t'en fais donc pas, je pense qu'elle est même sacrément contente que tu ais fait une suite à son texte :)
Tout à fait chère Tisseuse !
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Marité trousse moi encore !! En fait le hangar aux avions, ce sont mes estampes japonaises, il faut bien un futile prétexte n'est il pas ?
RépondreSupprimerAndiamo, à la prochaine messe du CA où tu seras sûrement en tant que détenteur de la majorité des actions, je viendrai admirer tes avions. Parce que tes estampes, depuis que tu les montres, elles sont sûrement un peu floues...
SupprimerDes auteurs inspirés et inspirants ! Je me suis bien amusée :)
RépondreSupprimerBonne partie de rire et maintenant, je veux bien aller danser au Cardinal...
RépondreSupprimerC'est tellement amusant de voir surgir ces personnages les uns après les autres... dans la même soirée! j'adore!! Quant tu veux, tu reviens à la maison .. Noël tombe en hiver cette année..:-)
RépondreSupprimerune étourdissante anthologie, bravo
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ces personnages croques
RépondreSupprimerBeau, oui, quand je me vois même que je m'aime
Moi même
Et que du beau monde quoi
Jolie suite donnée à celle de mon amoureuse
:)
Tu peux t'aimer Cavalier : le turban te va bien ! ;-)
SupprimerMaryline, Lira, Mapie et Emma, merci :-)
SupprimerAndiamo : je veux dire : tu les as tellement montrées (tes estampes) ;-)
RépondreSupprimerEn voilà une fresque !
RépondreSupprimerActeurs virtuels ou pas : on sait pas, en tout cas, c'est envoyé !
...et je suis pas sûr de pouvoir assumer telle image de moi - quoi que, autrefois, quand j'étais jeune - il y a six mois de ça à peine...
Allez : Vivement qu'on soit jeunes* et que la fête commence !
*jeune : état de celle ou de celui qui n'est pas vieux.
...j'ajouterai que je t'avais zappée, désolé, y a du monde ici - et c'est bien.
RépondreSupprimerC'est amusant. C'est vrai qu'à force de nous croiser ici, on arrive à se connaître par écriture interposée. mais Dieu que c'est soûlant, les ragots de bonne femme; on peut même en faire des livres... :)
RépondreSupprimerTisseuse : je savais que Célestine avait des bonnets difformes ! ;-)
RépondreSupprimerCélestine, pardon : c'est pas beau ce que je dis là. Décerne-moi le bonnet d'âne !
SupprimerLe bal des Impromptus, épisode II ! Célestine t'a mis le pied à l'étrier et les ragots n'en finissent plus. On s'y perd, mais qu'est-ce qu'on se marre !
RépondreSupprimerMerci pour vos commentaires.
RépondreSupprimerJ'espère n'avoir froissé personne. S'il tel est le cas, ce n'est pas intensionnel, bien sûr et je le regrette.
Eh bien dites donc ! Il s'en passe des choses dans mon salon ! Il va falloir que je pousse les murs et que je joue au loto si je veux organiser un jour, en vrai, une telle fiesta !
RépondreSupprimerJ'ai bien ri, Marité !
Joe : chut...nous serions capables de te prendre au mot ! :-) Et merci !
Supprimer