Le bal des ragots
Toute ressemblance…etc…etc…
Toute ressemblance…etc…etc…
Ce soir, le Comte Krapov et son épouse
Marina Bourgeoizovna donnent un grand bal en l’honneur du retour
des Indes de leur nièce, Célestine de Beauregard.
Sous les lambris
et les dorures du grand salon d’apparat se presse le joli monde de
la belle société. Les femmes emplies de désirs inassouvis, le
décolleté débordant de leurs générosités mammaires, lorgnent
les hommes en habits de soie, aux rouflaquettes frétillantes, qui
leur lancent en retour des regards lourds de convoitise. La musique
légère exacerbe ces sentiments délétères si bien dissimulés
sous le vernis des convenances. Un deux, pas de polka, un deux, pas
de polka. L'orchestre enchaîne les airs entraînants.
Ça froufroute,
ça cabotine, ça jacasse, ça coule des œillades en aparté, ça se
pavane, ça chuchote, ça frémit. Et bien sûr, ça se livre à ce
jeu très prisé dans les salons : le colportage de rumeurs
affolantes et très excitantes.
- Ciel, que cette
Célestine de Beauregard a le teint blanc ! Elle doit être
phtisique, la pauvre enfant…Si jeune et déjà malade…Elle aura
contracté quelque peste dans ces pays de sauvages …
- Et ces cheveux
carotte, quelle horreur ! Il paraîtrait qu’une de ses
grands-mères était une affreuse sorcière…
- Oui, et qu’elle
faisait cuire les doigts des enfants dans son potage…
- Quelle
ignominie !
- Mais dites-moi,
regardez donc, n’est-ce pas ce cher Cavalier qui s’avance en
habit de parade ? On murmure que Célestine et lui…
- Pensez-vous !
Balivernes ! Elle n’a d’yeux que pour le capitaine Vegas !
- Vous n’y
pensez pas, ma chère, c’est fini depuis longtemps avec le beau
hussard.
D’ailleurs
celui-ci file le parfait amour avec Tisseuse de Beauregard, sa
cousine.
Un beau brin de
fille cette Tisseuse, je le comprends !
-Tiens donc !
Vous me la baillez belle ! Je croyais qu’elle était avec le
Prince Tiniakovitch…
- Non…c’est
fini depuis quelque temps déjà ! Vous savez ce que c’est,
très chère…Dès qu’un homme se ruine au jeu, toutes les femmes
se détournent de lui…Il paraît qu’il a perdu des sommes
conséquentes au tric-trac, ce pauvre Prince…
- Quel dommage,
un si bel homme. C’est à cause de ce Rodolphe Andiamo, un
Calabrais aux yeux de braise, qui l’a embarqué dans une vie de
stupre et de débauche…Lui et le colonel Stouf ne sont pas les
derniers pour faire bombance ! De vrais libertins…
- Je me suis
laissé dire en effet que cet Andiamo était un Don Juan…
- Il a des
arguments ! Quelle prestance !
- Oui, il a même
réussi à séduire Annick de Sainte Beuve, qui n’est pourtant pas
réputée être une femme facile !
- Ah non, c’est
vrai, elle est admirable de vertu…mais la chair est faible !
- La chère
aussi, d’ailleurs…vous avez remarqué que le comte Krapov a un
peu lésiné sur les petits fours et la vodka…
- Ses réceptions
ne sont plus ce qu’elles étaient…
- Ah mais…c’est
qu’il a dû engager beaucoup d’argent pour satisfaire aux
caprices de sa nouvelle conquête !
- Ah bon ?
Vous m’intéressez …Il aurait une maîtresse ? C’est vrai
qu’il a la moustache conquérante et le sabre altier ! Ne
serait-ce point Maryline Dixhuit, l’actrice bien connue ?
- Non, on parle
plutôt d’une petite danseuse américaine, nommée Gene M.
- Il lui aurait
acheté un hôtel particulier, une petite folie, rue Pléridoff.
- Ah si fait,
cela me rappelle le fameux scandale étouffé de la rue Pléridoff…
- Je ne suis pas
au courant, racontez, mon cher, ne vous faites pas prier…
- Il est vrai
qu’on a tout fait en haut lieu pour ne pas ébruiter l’affaire, à
l’époque. Le conseiller privé du Tsar, le Baron de Loht, avait
été surpris par la police impériale en pleine partie fine avec le
fleuron de la noblesse d’état… Il y avait là les princesses les
plus titrées : Marité Roumanoff, Edmée de Laville de Poussy
qui se fait appeler Mamée, et Laura de Vanel-Coytte, la fille de
l’Ambassadeur.
- Mais comment
savez-vous tout cela, mon cher JCP ?
- Chut, ne le
dites pas, mais je suis espion officiel de la Cour. Mon rôle est de
tout savoir.
- Vous savez donc
que cette chère Mapie Maporovna va se marier ?
- Eh bien non, je
ne le savais pas…Avec qui ?
-
C’est un secret, et je ne vous le dirai pas… Allez-vous faire
courir le bruit que je sois femme à ne pas tenir ma langue ?
Quel affront !
Où lire Célestine
Où lire Célestine
Amis lecteurs et amies lectrices de Dame Célestine, ne fantasmez pas ! Après l'augmentation du taux de la CSG et au vu de mes piètres capacités de danseur, donner un bal est la dernière des choses qui me viendrait à l'idée ! Et d'ici à ce que je devienne comte un jour...
RépondreSupprimerJ'ai bien ri, Céleste nièce ! Et même si mon pouvoir datcha est en baisse, je mettrai les petits plats dans les grands à ton retour des Indes, promis !
C'était le but, mon cher oncle putatif !
SupprimerLe pouvoir datcha...qu'est-ce que tu veux que je dise devant un tel génie des mots...
Tiens je vais me faire descendre une coupette derrière la glotte !
Enfin, je trouve que ça sonnait bien Comte Krapov... ;-)
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T'es trop forte Célestine ! Super ! :-)
RépondreSupprimerMais il y a un bémol : la Marité dont tu parles est la bonne de la Roumanov. Avec un prénom pareil, tu aurais pu t'en douter voyons ! ;-)
Tu avais déjà bu trop de champagne et mangé trop de foie gras - que le comte Krapov avait fait venir de la Corrèze à grands renforts de caisses de canards. La rumeur dit qu'il a ses entrées au château de Bity...Il connait donc les bonnes adresses.
Chut ! Ne raconte pas tout, Marité ! C'est une filière clandestine ! Je sais bien que les affaires font "Pschitt", mais quand même ! ;-)
SupprimerOups ! Encore un coup des Russes aurait dit mon père, grand amateur des aventures de James Bond et d'Hubert Bonnisseur de la Bath... ;-)
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Joe, pschitt chez les canards ou chez les présidents ? ;-)
SupprimerParce que les canards se portent bien, n'ont pas eu la grippe. Les présidents non plus.
Les canards enchaînés surtout ...
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Il est vrai qu'après quelques coupes de cet excellent breuvage, on ne sait plus qui sont les valets et qui sont les maîtres...
RépondreSupprimerMerci Marité
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Avant que la rumeur de mon commentaire parvienne à toutes les oreilles d'ici bas, je ferai donc un tir groupé : De Pascal à Celestine , toutes et tous vous m'averz bien amusé. Si un jour j'ai si belle inspiration que les vôtres j'oserai vous donner les mots du thème .....En attendant à toutes et à tous Bravo !!!!!
RépondreSupprimeril faut te lancer, cher Petrus.
SupprimerTu verras, c'est très amusant ! Et ça ne fait pas mal... ;-)
Ici, on se sent comme avec une bande de potes.
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Il est bien certain que Vegas et Tisseuse fricotent en catimini depuis des années, mais en tout bien tout honneur, oeuvrant à publier des textes aussi revigorant que le tien :)
RépondreSupprimerMerci ma chère Tisseuse.
SupprimerC'est l'animation de l'atelier qui stimule les textes revigorants, et je ne manque pas de te rendre hommage.
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Je t'appelais "Belles châsses" , tu te nommes "Célestine de Beauregard" c'est à peu près la même affaire ?
RépondreSupprimerQuant à ce Rodolphe Andiamo, le bruit court qu'on vous aurait aperçus dans sa capitale "la ville lumière", vous vous teniez d'une façon ne laissant aucun doute quant à votre relation... Rumeur ou vérité ? Nul ne le saura jamais. ];-D
Y en a même qui disent qu'ils se sont embrassés sur le Pont des Arts...
SupprimerLes paparazzi n'ont jamais su se tenir...
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Remarque je peux comprendre, elle est si belle, ces paparazzi rien que des jaloux ];-D
SupprimerC'est pas faux ! (que ce sont des jaloux, bien sûr)
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
à 18 h 08 , Annick de Sainte Beuve, un petit verre à la main est entrain de pouffer de rire comme une gamine de 15 ans ! Vive les bals, nos BALS bien remplies et vive l'amitié de plume ! Merci Célestine !!!
RépondreSupprimerMais avec grand plaisir .
SupprimerSB, de toutes façons, c'est signé ! Sainte Beuve c'est quand même la classe internationale !
15 ans ? Mais on a le même âge, alors ?
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excellent ! C'est trop drôle ! BRAVO !
RépondreSupprimerAh Maryline Dixhuit, alors, on a un tournage de prévu bientôt ?
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Alors là, bravo ! tout le monde y a droit. Mais je saurai me taire, d'ailleurs je ne sais rien...
RépondreSupprimerExcellent, le style est parfait : on est chez Maupassant, avec un petit coup de Traviata.
Belle rigolade, merci !
Merci cher chevalier d'Eon des Impromptus.
SupprimerLe rôle te sied bien je trouve... ;-)
Merci à toi d'être si bon public.
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Diantre ! A peine arrivé, déjà on fait de moi un fier libertin ! Moi qui suis chaste comme les fameuses étoiles. Et baron qui plus est ! Voilà qui flatte peu mes côtés nanars... Mais bon, participer à cette scène digne de Dodtoïevski à de quoi assouvir quelques rêves d'un coeur romantique. Allez ! Je pardonnes, et même, je félicite...
RépondreSupprimerNe me dis pas que tu prêtes l'oreille à la rumeur...
SupprimerTu sais bien que c'est pour du faux, tout ça 😜
Ravie d'être pardonnée de mon impudence !
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J'eus préféré "Petit", plutôt que "pauvre" Prince - même s'il est vrai, dans ce récit, que j'ai bcp perdu au "Je"...
RépondreSupprimerQuoi qu'il en soit : зa здоровье, кошечка* ! (à ta santé, minette !)
[za zdarovié, kochetchka] ;)
спасибо моему принцу !
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
je trouve ces portraits très bien croqués
RépondreSupprimerenfin à ce que je connais du site
ho si peu... mais
quelle histoire charmante, bien contée
je viens de me dueller encore une fois de vuelta avec mon cousin
el capitan Don esarto de la vegas
pour la douce mais talentueuse doncellita Celestina au teint joli de voie lactée
bien que nous échangeâmes juste quelques baisers papillons sur nos yeux bleus et verts en plongée
donnés frôlés
et quelques eskimos pas de glace à s'enflammer joliment les nez
mais à part cela rien rien de rien... ne phantasmons trop, voyez
ça c'est de la rumeur - ou tu dois, vas - et ça met de bonne humeur
:)
C'était mon but, de mettre tout le monde de bonne humeur...
SupprimerEt je crois que c'est réussi apparemment...
Oh mon ami, pas de duel , hein ! même pour les beaux yeux d'une doncellita...
Mais chut ! n'en dites pas trop, les murs ont des oreilles ici...
la rumeur...chhhhuuttt !
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Je meurs de rire d'entendre tous ces cancans... :)
RépondreSupprimerTu m'as pardonnée alors de t'avoir oublié... 🦋
SupprimerMerci.
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Il vous fut bien à propos camarade de ne point citer votre apparatchik que je fus et dés à présent Заткнись ! ;o)
RépondreSupprimerStouf aurait écrit:
RépondreSupprimer« C' est complètement nul ! ;o) »
Mais je ne suis pas Stouf...
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Excellent. Texte très divertissant et qui n'est pas sans rappeler le bal auquel assiste Swann dans "Du côté de chez Swann" (partie "Un amour de Swann). Mes souvenirs sont flous, mais l'ambiance très cancaneries et les froufrous y sont bien.
RépondreSupprimerMerci beaucoup Tom-Tom
SupprimerL’ennui avec les textes ou l’on cite ses camarades de jeu c’est qu’on en oublie toujours quelques uns.
Alors désolée que tu ne sois pas citée dna sucette fresque
Tu le fais trop d’honneur de me comparer à Proust !
Bisous émus
Dans cette fresque *
SupprimerAh la la ! La saisie automatique joue des tours!
Mais je n'en suis pas vexée. Tu avais déjà assez à faire avec tous ces protagonistes :)
SupprimerLol c'est pas faux ! ;-)
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Ne tenez pas votre langue! Ne tenez pas votre langue! Dites nous tout !... Il est des secrets à ne point garder... ;-)
RépondreSupprimerChouette texte!!!
Eh bien Mapie Maporovna va se marier... avec Tom-Tom La Tomate, et je peux vous dire que cela fait du foin dans les chaumières... ;-)
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆