mercredi 7 mars 2018

JCP - Le pied à l'étrier

Des vertus du silence

Vaste toile éthérée de la fresque de vie,
Le silence incréé qui contient tous les bruits
Recèle aussi l’espace où dort la vraie quiétude,
Refuge dont l’humain a perdu l’habitude.

Toujours pied à l’étrier et forçant son allure,
Il ne sait apaiser l’élan de sa monture,
Qui montre sa faiblesse et finit par broncher.
Et crevant la surface, émerge un mal caché.

Ainsi pourquoi courir : nous sommes arrivés.
La lenteur méditée dépasse cette transe
Où le corps envolé délaisse la conscience :
Immobile un moment laissons l’esprit rêver,

Et par notre attention portons-le lentement
A la paix du silence. C’est de cet agrément
Qu’on veut nous séparer pour des raisons perverses :
Un moment sous abri laissons passer l’averse.

S’imprégner du silence, connaître la lenteur,
Et dompter l’impatience de l’étalon féroce -
Qui voudrait avant l’heure nous conduire à la fosse,
Aurait-on caché là l’essence du bonheur ?

Où lire JCP


32 commentaires:

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    1. Sachons retirer le pied de l'étrier de temps à autre.

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  2. J'aime la diversité de ce blog, voilà une chose que je ne sais pas faire : écrire un poème ! Alors je suis admiratif ! ];-D

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    1. Merci Andiamo, mais, sais-tu, ce n'est pas si difficile, voici (à mon avis) les critères :
      - Aimer vraiment la poésie et en lire très régulièrement. Sinon, inutile d'essayer.
      - Se sentir parfois une "âme de poète" - mais ça se mesure pas...
      - Assimiler la technique, facile si on est "du nord", difficile si, comme moi, on est "du sud" (le problème des syllabes est un vrai casse-tête, le fameux "E muet", inconnu ici, donnant l'impression d'écrire dans une langue étrangère mal maîtrisée en quelque sorte). Cabrel a dû se battre avec ses producteurs qui voulaient le faire "chanter en parisien".
      - Assimiler l'euphonie, rythme et musique des mots, la ressentir en lisant au début à voix haute.
      - Se lancer en ne montrant pas ses débuts !
      Dictionnaire des synonymes et des rimes très utile bien sûr (en ligne ou logiciels).
      Conseillé : Michèle Aquien, "Dictionnaire de poétique" livre de poche, mais il y en a plein d'autres.
      On peut aussi écrire en vers libres comme beaucoup ici.
      Je me prends pas pour un poète, je fais surtout de la versification narrative et descriptive...

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  3. Tres beau poème. Éloge de ce silence réconfortant, si délicat à faire vivre pour certains et si précieux pour d autres ....

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    1. Tu résumes bien, et comme en toute chose, on devrait, s'il se peut, éviter l'extrême.
      Beaucoup préfèrent l'hyperactivité et le bruit, capables pour un temps d'interrompre le flot de la pensée - si on la redoute.
      Silence et quiétude le peuvent aussi, mais la démarche est plus difficile et plus longue.

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  4. J'aime cette demande de laisser le temps au temps
    Savoir pauser la course de la vie

    J'aime tes images déposées
    La'
    Par de riches rimes

    :)

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    1. Merci Cavalier,
      L'hyperactivité devient le mal du siècle (s'il y a des siècles), et semble affecter les deux extrémités de la vie : l'enfance et la retraite, c'est du moins ce que je crois.
      Entre les deux, peut-être le travail suffit-il ?
      Cette image n'est pas de moi, mais j'aurais pu la faire avec une des miennes(un coup de Photoshop...). Je l'ai prise toute faite sur le net...
      Je me place en tout cas comme retraité à activité modérée, et m'en porte pas trop mal jusqu'ici.

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  5. Silence et pianissimo font plus que tapage et course effrénée.

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    1. C'est ce que j'ai voulu dire en somme.

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    2. Et c'est ainsi que je l'ai entendu...:-)

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  6. J'aime ton ode au lâcher-prise
    A la lenteur, au goût du silence et du vent
    L'essence du bonheur se niche dans tes vers
    Comme une clé dissimulée sous un feuillage :-)
    ¸¸.•*¨*• ☆

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  7. Merci Célestine, tu as merveilleusement perçu le sens de mes propos.
    Et j'aime beaucoup ta métaphore de la clé.
    Je n'ajoute rien de plus.

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  8. Voici un poème qui me parle particulièrement. J'ai gouté ce silence, ce temps en suspend lors d'une promenade en péniche.. et c'est un très bon souvenir... j'avais écrit un texte " oui le temps s'apprivoise..." à ce propos. ;-)

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    1. Très heureux d'avoir pu ranimer de bons souvenirs, un peu de silence dans ce monde brutal se boit en eau de jouvence.

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  9. c'est très beau : « Soyez un nuage blanc se déplaçant dans le ciel, sans aucun but, n’allant nulle part,flottant tout simplement. la floraison ultime».(Osho)

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    1. Ah, si en plus tu cites un de mes auteurs favoris (en la matière bien sûr), il ne me reste rien à ajouter : les mots sont superflus.

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  10. La Sagesse est au bout du chemin.

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    1. Le dire est plus facile que le faire, même si à force de le dire...

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  11. Dans ce monde absurde où nous vivons dans la précipitation et le bruit, il est salutaire de prendre du recul, d'écouter chuchoter le silence en se laissant bercer par ses murmures bienfaisants.
    Joli poème JCP qui me parle tu ne peux pas savoir à quel point !

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    1. Merci beaucoup Marité, je vois que nous sommes sur la même longueur d'ondes.

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  12. Prendre le temps d'apprivoiser le silence donne un sens à notre existence.

    David P.

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    1. Ah,merci beaucoup David pour ta visite, et pour cette bonne phrase tout à fait à propos !

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  13. magnifiquement composé !
    poème, illustration, et le message que tu délivres

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    1. Merci Tisseuse, parfois la recette de base n'est pas trop mauvaise, et la sauce veut bien prendre - comme on dit chez "Top Chef".
      J'aime bien cette image aussi (elle était en noir et blanc). Mais elle n'est pas de moi.

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  14. Je suis particulièrement sensible à ton poème, moi qui aime le silence plus que tout. Tu dois connaître la technique de méditation en pleine conscience de Christophe André, non ? C'est un moyen de ne pas céder à cet étalon déchaîné qu'est la vie moderne...Et les nouvelles technologies n'arrangent rien :p
    Bref. Très beau poème.

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    1. Merci beaucoup,
      Je pratique la méditation depuis de nombreuses années, ce qui m'est désormais indispensable au quotidien.
      C'est plutôt Zazen, la méditation du Bouddhisme Zen que je pratique, et je fréquente un dojo zen une fois par semaine (en présence d'un moine zen).
      Je ne saurais trop recommander, si on souhaite méditer, d'abord une motivation sans faille (c'est vite vu), ensuite, si possible ce type de fréquentation plutôt avec la connaissance livresque, avec laquelle je n'ai pas progressé durant de nombreuses années - sans compter qu'on peut se fourvoyer, ce qui peut se montrer néfaste psychologiquement(si).
      Il y a actuellement un phénomène de mode envers la "méditation", et du fric à prendre pour ceux qui écrivent dessus (André est très bien,longtemps toulousain en plus).
      Les auteurs américains sont en général les pires, rien de surprenant dans ce pays où la sincérité se chiffre en dollars.
      Les meilleurs :
      - Eckart Tolle
      - Thich Nhat Hanh
      - Taisen Deshimaru

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    2. ...j'entends par là livresque et auprès d'un "maître", les deux si possible.
      (Le Zen domine largement en Occident)

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  15. Je ne devrais pas, mais j'avoue c'est le premier poème où je communie corps et âme.
    Oui, sans silence, sans méditation, sans réflexion, que serions nous? quel goût aurait la vie?
    Le silence n'a pas de prix, mais n'est-il pas notre trésor le plus subtil, le plus précieux?
    Prendre le temps de voir, d'apprécier, d'analyser avant d'agir c'est avant tout l'équilibre de l'être humain.
    Merci JCP pour ce délicat poème bâti de tant de douceur et de vérité sur la force du silence.

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    1. Merci beaucoup Gérard, je suis très touché par ta réaction.
      On se voit tout à l'heure, on peut en causer.

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  16. Encore un superbe éloge de la lenteur... et de l'art de vivre bien !

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  17. Merci Joe, un des sujets qui m'inspire en ce moment.

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