jeudi 10 mars 2016
Anne de Louvain-la-Neuve - Logo-rallyes cuisine / sport
Cuisine et pompes funèbres
Moi, Jean-Paul Orbitum, en ce jeudi 23 mars de l’année 2016 à quinze heures trente-quatre minutes et cinquante-deux secondes, dépose sur ce papier parfaitement clair d’esprit et habillé pour l’occasion mes dernières volontés sur testament signé en présence de Maitre Anselme Blanchir, notaire, sis en son étude, commune de Villers-devant-Orval.
À Nicolette Vandepiperzeel revient mon projecteur 6 millimètres 6 pouces dont nous fîmes gros usage par devant et par derrière. Son talent n’a pas atteint l’aune de mes films en ses qualités photogéniques, hélas. Combien méritait éloges plus élargis sa croupe atmosphérique ! Étoile de mon cœur, elle fut aussi diva de mon corps. Si à l’œuvre on reconnait l’artisan, à la jouissance la météorite qui, me susurrait-elle à l’oreille et ailleurs, « veut aller loin, ménage ses entrailles ». J’attendrai donc dans l’au-delà la chaleur lumineuse qui inondait nos ébats. Tu fus un esprit sein dans un corsage. Sans dessous dessus, mon aimée, je te quitte, barricadé des plaisirs nocturnes de ces plaies d’amour qui sont parfois mortelles, j’en sais quelque chose, tout perclus par cette peste de syphilis. Soigne-toi, ma chérie.
Me connaissant comme je me connais et pensant comme j’étant, je transmets à mon épouse défunte ma collection de vers de terre sous vide, parfaitement conservés en formaldéhyde, ces compagnons mi-fugues, mi-raisins, petits, fermes et tendres, qui me permirent de demeurer à la place de premier pêcheur à la truite et à la mouche du dimanche matin de sept heures A.M. à midi quinze toute l’année.
Je confie ici en vedette à mes amis du Club des pêcheurs, ma célèbre recette de truite à l’Orbitum dont j’ai gardé le secret jusqu’au bout. Cela mettra enfin fin à leur insatiable curiosité. La cuire en la faisant tourner à intervalles réguliers et minutés de trois minutes et six secondes, c’est primordial, avec en fond de tiroir et sans coller, ce chanteur dont j’ai oublié le nom, ma mémoire n’est plus ce qu’elle était, Viens poupoule, viens. Nappez régulièrement de beurre de cacahouète, car si homo homini lupus est, cogita truita est. Bardez sa chair sous peine d’épanchements de synovie. Poivrez, croutez d’ail, liez les sucs de cuisson en (dé)glaçant à l’Orval dont je rappelle ici à tous les mécréants que l’on dit « un Orval » et pas « une » contrairement aux autres bières de grand chemin. La truite sera crémée d’une onction de poignet ferme (55% de matières grasses au moins) jusqu’à ce que mort s’ensuive. Enfin, rajoutez une bonne pincée de lentilles (noires). Le « Qui aime bien, ménage ses lentilles » d’Aristote, confites et tamisées en saumure, dégagera ses arômes dans toute leur subtilité. Malheureusement, cette citation célèbre a considérablement dévié hors de ses platebandes pour devenir celle que l’on connait. Le châtiment à la mode dans notre civilisation judéo-chrétienne a pris d’assaut les lentilles à plates coutures, il n'y a plus de saison !
À mon très cher Gérald Meszouilles le privilège de manger mes truites congelées. Il trouvera les cinq surgélateurs parfaitement garnis et pensera ainsi à son ami de toujours tous les jours, magistralement assaisonnées à son égard de la pointe du couteau à la tête à queue car je n’y ai pas été avec le dos de la cuillère. C’est dans le sel qu’on reconnait ses amis. Ovide le répétait à l’envi : si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère ira t’a toi dans la dégustation subtile d’un mets qui fit ma réputation de chef coq hardi, Pardaillan !
Enfin, à mon fils Ronald, je cède mon compte Facebook dont il dénichera le mot de passe dans les papiers cachés derrière le tableau, le deuxième à gauche. Puisse-t-il prendre la mesure à la fois de la consistance fumée du QI sous zéro des trois quarts de notre planète fragilisée (il s’en trouvera ragaillardi) et de la célébrité locale de son père qui toute sa vie prit le train de 5 h 40 du matin, déraillement compris et passages à niveau aux heures de pointe, pour se rendre à son travail de titan. Ma fortune découpée en julienne par les aléas du sort compte bien peu face à la réputation sans taches de ma vie exemplaire de paparazzi multidisciplinaire. N’ayant pas la prétention d’en avoir trop fait, c’est donc le cœur léger qu’ici je lui lègue peu. Du reste cependant, s’il pleut à St Médard, il pleut quarante jours plus tard, et c’est valable pour tous les jours des saints dans ce pays pourri. Mon parapluie anti retournement lui sera fort utile ainsi que les quelques fanfreluches l’accompagnant, cache-nez, protège-oreilles, gants un peu dépareillés, mais bien chauds, et écharpe en pure laine de pékinois.
Ici se clôt mon testament.
Signé en l’étude de Maitre Blanchir en présence des deux témoins Barnabé Destouches, clerc comme du jus de chique et Valentyne Cheval.
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17 commentaires:
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A la lecture de ce testament désopilant et rédigé en bonnet difforme (il vaut mieux rédiger couvert), je tire mon chapeau !
RépondreSupprimerChers impromptus, qui que vous soyez, vous êtes remerciés (pas congédiés, of course).
SupprimerOublié de signer... Vegas sur sarthe
SupprimerPardonné illico !
Supprimerà ce régal de lecture, bien déjanté (comme d'habitude, d'ailleurs) je tire également mon chapeau haut de forme avec ruban :o)
RépondreSupprimerSachez, l'Arpenteur, que votre haut de forme est apprécié du bas qui vous tire le ruban en salutations distinguées.
SupprimerJ'en suis la cul par terre !
RépondreSupprimerUn test amant peut-être ?
Une proposition ?
Supprimer:D
Supprimersain de corps et d'esprit, mais peut être un peu sous substance, au moment où il rédige son testament, ce Jean-Paul Orbitum, que voilà un brillant festival d'inventions pittoresques !!!!
RépondreSupprimerEt encore, la feuille étant un A4, il n'a pas pu continuer la liste de ses dons. Merci Emma...
SupprimerJe ne savais pas que l'Orval avait un tel effet sur l'esprit.... Va falloir que je m'en fasse livrer un casier avec fromage assorti !
RépondreSupprimerImpossible. Les Orvaux sont sous contrôle : on n'en trouve plus que rarement dans les grands magasins. Alors, on fait des tournantes et le premier qui trouve un bac l'achète pour partager avec les autres. Véridique !
SupprimerEn voici un testament, c'est inspiré-envoyé, bravo !
RépondreSupprimerj'aime l'esprit sein dans le corsage, entre autres.
On honore ses seins comme on se couche. Merci Jean-Claude.
SupprimerPour ceux qui seraient tentés, la collection de vers de terre sous vide léguée à Madame n'est plus disponible à la vente. Je tenais beaucoup à le faire savoir.
RépondreSupprimerCher Jo, que ferions-nous sans vous, notre déléguée à la vente (pour votre commission, passez ce soir à 18h.)
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