Secondes de solitude imparfaite.
Tout était en déséquilibre depuis ce matin.
Dès mon réveil, j’atterris sur le haut de mon crâne lorsque je voulus attraper sous le lit, une sandale en cavale. Quelque peu sonnée, je parvins à la cuisine et me juchai sur mon tabouret pour siroter mon café matinal. C'est alors que j'aperçus tous les bocaux en équilibre instable sur la crédence de la hotte aspirante. Un tremblement de terre aurait-il échappé aux profondeurs de ma nuit ?
Je jetai un coup d’œil à l'horloge. La trotteuse tournait en sens inverse. Je consultai ma montre, la trotteuse jouait le même jeu. Etrange….
Il était temps. J'étais attendue sur le port et je ne savais pas que la loi de série s'était enclenchée.
J'empoignai mon sac fourre-tout, une anse se déchira.
Je tournai la clé pour fermer la maison. La clé se brisa.
Je me mis au volant, craignant le pire, mais tout se passa très bien.
J'arrivai sur le quai et m'apprêtais à monter sur le bateau. Une main bienveillante se tendit. J'allais réussir mon « atterrissage » en douceur. C'était sans compter sur cette maudite cheville qui me trahit et se foula.
Le bruit et l'odeur du vieux Volvo irritèrent mon estomac, mais je fis bonne figure. Les conditions étaient favorables à « mon capitaine » pour une virée en pointu, voile latine dépliée.
Un accostage était prévu vers 13 heures 30 pour un repas sur une petite île, copie presque conforme de Murano.
L'après-midi se joua en déséquilibre parfait. Foc à bâbord, foc à tribord.
Un peu de tangage, un peu de roulis, de belles risées, quelques vagues bien salées heurtaient le capian et explosaient en milliers de scintillements.
J'étendis une serviette de bain sur le pont – minuscule - et fis la sieste abandonnant, tour à tour, mon dos et mon ventre au soleil méditerranéen. Le pied du mât jouait dans son socle et mit fin à mes rêveries. Toc, bong. Toc, bong….
Le ciel commençait à s'enflammer. Il était temps de penser au retour. Les vagues chantaient une symphonie syncopée et déséquilibrée alors que le vent déposait de petits moutons blancs ci et là sur l'eau. Dès l'entrée au port, je mis les pare-battages et empoignai la gaffe.
La manœuvre fut réussie. Le pointu fut amarré, un peu serré.
Le capitaine effectuait les derniers rangements.
Je pris mon sac et saisis l'amarre. Je la tirai pour amener le pointu au plus près du bord. J'étais prête à sauter sur le quai. Le mouvement fut imperceptible, mais je vis que la distance était un peu trop grande pour mes jambes.
Je recommençai la manœuvre et m'élançai. Mais c'était sans compter sur les pare-battages qui se prirent de tendresse pour ceux du bateau voisin. Enlacés, ils firent reculer le bateau.Trop vite.
Je réalisai un grand écart forcé, en déséquilibre parfait.
Secondes de solitude parfaite.
Entre terre et mer.
Un plouf magistral posa le point final à cette journée au déséquilibre parfait.
Tout ça à cause d'une sandale récalcitrante...
RépondreSupprimerBen dis donc !
¸¸.•*¨*• ☆
Parfois, un grain de sable suffit....
Supprimer^^
SupprimerJ'aime ta journée en déséquilibre Clémence, et tu nous la narres superbement !
RépondreSupprimerPas de mauvais rhume j'espère après ce bain forcé...
Merci, Jean-Claude!
SupprimerPas de mauvais rhume, cela s'est passé en été...
Je dois souligner que les amis ont été super pour me sortir de ce bain...
Paréo et cheveux mouillés sont passés inaperçus ...
Humm... paréo mouillé inaperçu... mais j'ai rien dit.
SupprimerNon, rien dit du tout.
Il me semblait voir entendu un rire discret....
SupprimerBah, en bord de mer, c'est un look qui n'ameute pas les foules....
J'aime les chutes en plouf :)
RépondreSupprimerJe m'imagine ton rire franc et clair lorsque tu es arrivé à la chute qui, me semble-t-il te convient parfaitement!
Supprimerc'est ce qu'on appelle "la loi des séries" :)
RépondreSupprimerLoi qui se concrétise. ..vite fait, bien fait!
Supprimerun texte drôle avec une vraie chute ... et le déséquilibre est là, tout au long de cette belle journée méditerranéenne
RépondreSupprimeret finir avec un grand écart est le propre d'une belle et grande danseuse (de french cancan, aussi :o)))
Et j'ai passé sous silence les hématomes. ...
SupprimerIl y a des jours où il faut rester couché. Aller faire du bateau ce jour-là quand tout est en déséquilibre instable, c'est risqué.
RépondreSupprimerUN plouf remet parfois les choses en place.
Et chacun le sait, un plouf vaut mieux que deux tu l'auras...
RépondreSupprimerJe sors....;)
Plouf plous tralala
SupprimerVoilà enfin un vrai déséquilibre ! :)
RépondreSupprimerUn beau déséquilibre sur mer... très agréable à lire, merci !
RépondreSupprimerMerci à vous toutes et tous ! ;)))) pour vos commentaires bien sympathiques!
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