Dictatorat
Seigneur du vaste égout dans sa livrée coquette,
Un rat de poil brillant et de mine replète
Arpentait ses couloirs, et d’un air suffisant
Reniflait les effluves de ces flots odorants.
- Me voici parvenu au faîte de ma gloire,
- Me voici parvenu au faîte de ma gloire,
Se disait-il radieux ; le manger et le boire
Servis à satiété par des sujets soumis,
Et ma couche habitée de gentilles amies.
Bienheureux comme moi, sans mentir il n’est guère :
J’ai bien fait c’est certain de mener cette guerre.
Car malgré la souffrance et la dévastation,
Mon peuple je le crois, est en admiration
Devant le personnage auguste et vénérable,
Qui mérite en effet ce sort des plus enviables.
- Le sang versé s’oublie, demeure le pouvoir.
- Le sang versé s’oublie, demeure le pouvoir.
Mon peuple policé reste sous l’étouffoir,
Et devra pour toujours veiller à mon bien-être,
Acclamant mes discours courbé sous ma fenêtre.
Mais porté par les eaux, un murmure lointain
Que grandissaient les murs parvint à son oreille...
- C’est aujourd’hui ma fête, se dit le souverain :
Mon peuple réuni, d’une humeur sans pareille,
N’attend que mon retour pour les grandes agapes,
Et il pressa le pas plus heureux que le Pape,
Riant de ses sujets, qu’il se félicitait
D’avoir comme baudets assujettis à souhait.
Mais la rumeur pourtant, qui grandissait sans cesse
Mais la rumeur pourtant, qui grandissait sans cesse
En clameur menaçante, n'avait rien de joyeux ;
Sans affoler pourtant ce Sire prétentieux,
Qui restait convaincu d’un élan de liesse.
Il n’eut le temps de fuir qu’il était piétiné,
Il n’eut le temps de fuir qu’il était piétiné,
Roué de coups percé et mille fois tué.
Grand nombre de despotes souvent ainsi finissent,
Croyant de leur pouvoir toujours boire au calice.
belle fable... Parfaite rien à ajouter...
RépondreSupprimeravec le sourire
Merci Lilousoleil, Un peu de La Fontaine, un peu d'actu...
Supprimerbelle fable... Parfaite rien à ajouter...
RépondreSupprimeravec le sourire
...et la colonie des rats dut procéder à des élections démocratiques...
SupprimerJean de la Fontaine, sors de ce corps !
RépondreSupprimerMagnifique, et tellement vrai...
¸¸.•*¨*• ☆
Il y a peut-être des dictateurs chez les rats...
SupprimerOh oui, tiens, tu me rappelles une fable que j'ai écrite il y a quatre ans...le renard providentiel n'est toujours pas apparu...Toute ressemblance etc etc...
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Fait comme un rat ! Ainsi périt le despote :)
RépondreSupprimerJolie fable, JCP
Tiens, peut-être aurais-je dû caser l'expression pour le fun...
SupprimerMerci Vegas.
Excellent ! Un vrai régal de lecture.
RépondreSupprimerMerci Pascal, je relis La Fontaine de temps à autre, et j'aime bien y trouver inspiration... mais le créneau est étroit, il a pratiquement tout dit...
SupprimerUne jolie fable bien troussée qui garde toute son actualité.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé.
PS - Bien vu, Végas!
Et merci pour ta lecture, Nathalie.
SupprimerHomme de talent, Vegas trouve toujours le mot qui n'a pas été dit !
Très d'actualité comme l'est cette morale qui traverse les temps ! Il y a un certain Américain au toupet emplumé qui ferait bien de s'en souvenir !
RépondreSupprimerHa ha, merci Anne, je vois bien ce toupet emplumé au langage et aux intentions sans mesure !
SupprimerLes dictateurs finissent ainsi, mais parviennent à faire bien du mal avant d'être exécutés par le peuple...
La Fontaine se moquait à sa façon des gens de son temps. Ta fable n'a rien à lui envier. Un beau talent, JCP!
RépondreSupprimerMerci Lorraine, j'ai pas son talent, mais j'aime bien ses fables.
SupprimerMerci à vous d'avoir pris connaissance des dernières nouvelles des égouts !
RépondreSupprimerUne belle fable à la morale de circonstance que La Fontaine n'aurait pas boudée.
RépondreSupprimerMerci Marité, à ce sujet je crois pas s'il ait mis en scène un rat dictateur, mais faut que je voie, une occase de relire, même si je crois pas.
SupprimerJe ne crois pas non plus. J'ai simplement voulu dire que La Fontaine aurait aimé le style et la morale de ta fable sans doute. Peut être regrette-t-il, là où il est, de ne pas l'avoir écrite avant toi ? clin d'œil Jean Claude.
SupprimerMerci Marité, La Fontaine a bien loupé le sujet : il n'y a que Le rat de ville et le rat des champs, le rat et l'éléphant, le rat et l'huître, et le rat qui s'est retiré du monde, ouf !...
SupprimerVrai qu'avant d'écrire j'ai pas vérifié...mais la dictature en ce temps là était la règle, sous le nom de royauté de droit divin, on est plus d'un siècle avant 1789...
Tout a été dit, bien mieux que je saurais le faire.
RépondreSupprimerMerci pour ces moments passés à te lire. Un seul regret, je n'ai que deux mains. Si j'étais rat et sujet de ce despote, j'applaudirais de mes quatre pattes.
Merci beaucoup Robert, d'avoir pris le temps de me lire, et pour le trait d'humour !
Supprimer