Les yeux grand ouverts dans le noir, je réfléchissais... Et si je m'étais trompée et s'il avait dit la vérité ?
Tous ces souvenirs refoulés depuis si longtemps s'imposaient à moi.
La
nuit s'effaça devant l'aube. La pluie tambourinait doucement sur les
carreaux, le ciel était d'un gris sombre. La journée s'annonçait
maussade.
C'était ma première affaire aux Assises. J'étais à la fois excitée et terrifiée.
Il
s'agissait d'un crime sordide : un jeune homme avait poignardé sa tante
pour la voler. On l'avait découvert sur lieux du crime. Malgré cela il
s'obstinait à nier.
Connu des services de police, il avait à peu près tout raté dans sa jeune vie.
Il
maintenait que sa tante lui avait demandé de venir ce soir là, chose
bien improbable car la vieille dame ne voulait plus entendre parler de
lui...
Piégé, répétait-il, j'ai été piégé...
Et si malgré tout son histoire était vraie.
Pourquoi n'ai je pas davantage creusé à l'époque. Mais il était si peu fiable.
Son
histoire rocambolesque de complot n'aurait aucun crédit devant un jury.
Je voulus le dissuader de plaider l'innocence. Il s'entêta et ne voulut
rien entendre.
Je fis au mieux et malgré ma fougue et de bons arguments- du moins le croyais-je - il fut condamné à mort. Nous étions en 1980.
Blême il articula avec difficulté : " je ne suis pas coupable ".
Je tentai de le rassurer,, je lui dis :
" Je vais vous sortir de là "
Entre
lui et l'ignoble machine, il n'y avait plus que la cassation et la
grâce présidentielle.( rappelons qu'à cette époque l'appel n'existait
pas pour les crimes).
Je n'avais aucune illusion quant à la grâce présidentielle, Giscard s'était fait le pourvoyeur du bourreau à plusieurs reprises.
L'arrivée
de Mitterrand au pouvoir en 1981 lui avait épargné la guillotine mais
peu de temps après on le retrouva pendu dans sa cellule. Bien sûr son
suicide fut interprété comme un aveu.
Aujourd'hui
je n'en étais plus certaine. Le doute s'insinuait en moi. Je me souvins
que j'avais été frappée par l'accent de vérité de ses dénégations. Mais
j'étais encore si jeune à l'époque et l'on m'avait mise en garde
contre tous ceux qui, en prison, se prétendaient innocents.
Ma
décision était prise : je devais relire le dossier , avec une nouvelle
approche. Tant de temps avait passé, j'avais vieilli et je n'avais plus
autant de certitudes. J'étudierai le dossier avec des yeux neufs. Je lui
devais bien ça.
voilà, tout est posé ; le crime, le suicide (ou pas) du jeune homme considéré comme coupable, une avocate ayant gagné de l'expérience ... tout est prêt pour que tu nous offres une enquête policière pleine de rebondissements et de surprises ... :o)
RépondreSupprimerSuperbe texte, mais quel cas de conscience ! Du genre qui empêche de dormir, qui remue les tripes, la mort par pendaison suspecte d'être un assassinat de plus et l'assassin toujours en cavale. J'aime beaucoup ce début de roman, l'enquête est ouverte, alors ? Yapuka.
RépondreSupprimerLa suite, la suite, la suite....
RépondreSupprimerC'est frustrant, ce sujet... On a tellement envie de connaître la suite...
RépondreSupprimer¸¸.•*¨*• ☆