Dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne*, le juteux avait crié : "ça va barder !"
Peut-être pour galvaniser la bleusaille arrivée en relève dans la nuit, qui dans la pénombre liait silencieusement les molletières glacées, la tête encore pleine de
rêves, de Julienne, ou de Louise…
Ou parce qu'à cet instant c'était la seule et
pure vérité.
Il essayait de jouer les durs à cuire, lui qui était la crème des hommes.
Et ça avait bardé.
Ce qui avait été la campagne était nappé d'un
brouillard laiteux, troué d'éclairs, assaisonné
de mitraille.
A l'est, une faible lueur tamisée semblait dire que le soleil se
levait encore quelque part.
* https://www.youtube.com/watch?v=GmFgNG6277c à 0,35 min
La magie et la puissance des mots ont ceci d'extraordinaire qu'ils peuvent nous transporter du plus léger au plus grave...
RépondreSupprimerEn peu de mots, une descente aux enfers douloureuse ....
RépondreSupprimerC'est ce qui est bien avec les mots : on peut les tordre dans cent directions différentes ! Essayons avec nos doigts, c'est moins évident.
RépondreSupprimerformidable ! de la poésie à la douleur, à la peur, à la mort risquée.
RépondreSupprimerMerci, Emma, pour cette découverte poignante. ..
RépondreSupprimerCeci n'est pas un exercice, dur sous la mitraille...
RépondreSupprimer