La scène se passe dans le bistrot de Marcel. Un perroquet accroché derrière le bar, près de la porte des toilettes, fait du raffut.
Le perroquet
Sapristi, sapristi !
Jean-Claude à Francis
Je te dis que c'est une couverture.
Francis
Comment ça, une couverture ?
Jean-Claude
Ben oui. Il est pas normal, ce perroquet.
Francis
C'est vrai qu'il a un air penché.
Jean-Claude
Penché ? Oui c'est vrai, mais ça c'est sans doute parce qu'il est vieux.
Francis
Ça vit longtemps un perroquet ?
Jean-Claude
Ah oui, 50, 100 ans, je crois bien.
Francis
Eh ben, va falloir se le farcir encore un bail, le Coco !
Jean-Claude
Il s'appelle pas coco.
Francis
Ah non ? Ils ont aussi des pedigrees, les perroquets ? L'année des C c'est Coco, ou casse-pieds ! Alors lui, c'est quoi ?
Jean-Claude
Boris Godounov, à ce qu'il paraît.
Francis
Il est louf, Marcel, d'appeler ce poulet déplumé Boris Godounov, c'est quoi ce nom ? C'est ça que t'appelles une couverture ?
Jean-Claude
Tu vois, dans les films, quand y'a un mendiant qu'a l'air un peu trop mendiant, c'est que c'est un agent secret. Mendiant, c'est sa couverture. Eh ben, ce perroquet, il est pas aussi minable qu'il paraît. Il a de la culture. Même que des fois on se demande s'il a pas entendu des choses pas nettes.
Boris
Sapristi, sapristi !
Francis
Bon, là, il fait plus "coco" que nature, le Boris.
Tu crois qu'il parle Russe? Sans sa couverture, je veux dire. Un rescapé de la guerre froide.?
Jean-Claude
Olé !
Francis
T'es pas bien, tu parles au volatile maintenant ? encore un demi et tu vas causer Russe;?
Jean-Claude.
Le Boris, il faut l'enclencher. Comme un juke box ! Tu lui dis "olé", il va te parler espagnol.
Olé !
Boris
Me olvidé de vivir.
Francis
Eh, Marcel, il dit quoi, ton poulet ? Garcia Lorca ?
Marcel
Julio Iglesias.
C'est mon beauf Charlie qui me l'a donnée, la bestiole. Tu vois qui, Charlie, le mari de ma sœur, celui qui est coiffeur dans la galerie marchande ? Ses clients en pouvaient plus, du Boris. Paraît que c'est les gars du service de nuit qui lui ont fait son répertoire.
Francis
Tu parles d'une couverture. C'est juste un chieur, le Boris.
Boris
Na margem do rio Piedra eu sentei e chorei*
Francis
Et là, c'est aussi du Julio ?
Marcel
Ah non, ça c'est une langue que personne ne comprend. Ya un client qui m'a dit que c'est peut-être de l'Araméen.
Francis
Ah ben, v'là une couverture vachement utile dans les services secrets !
* Paulo Coehlo
Me olvidé de vivir.
Francis
Eh, Marcel, il dit quoi, ton poulet ? Garcia Lorca ?
Marcel
Julio Iglesias.
C'est mon beauf Charlie qui me l'a donnée, la bestiole. Tu vois qui, Charlie, le mari de ma sœur, celui qui est coiffeur dans la galerie marchande ? Ses clients en pouvaient plus, du Boris. Paraît que c'est les gars du service de nuit qui lui ont fait son répertoire.
Francis
Tu parles d'une couverture. C'est juste un chieur, le Boris.
Boris
Na margem do rio Piedra eu sentei e chorei*
Francis
Et là, c'est aussi du Julio ?
Marcel
Ah non, ça c'est une langue que personne ne comprend. Ya un client qui m'a dit que c'est peut-être de l'Araméen.
Francis
Ah ben, v'là une couverture vachement utile dans les services secrets !
* Paulo Coehlo
Sympa le Boris !
RépondreSupprimeravec le sourire
Boris...Vian n'aurait pas renié cette histoire un peu louf !
RépondreSupprimer¸¸.•*¨*• ☆
Déjanté le Boris!
RépondreSupprimerHa ha ! je suis d'abord allé chez Flaubert (Un cœur simple), et voilà qu'on marche au bord de la rivière Piedra chez Paolo Coelho...
RépondreSupprimerSacré perroquet !
Me plait bien, celui-là ? Il est à vendre ?
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