jeudi 8 octobre 2015

Chri - les premiers mots d'un livre


Depuis que le monde était monde, dans ce coin perdu de l’île,  un peu en retrait de la côte, tous ceux d’ici se racontaient l’histoire de Cendres et tous les soirs ou presque cette histoire évoluait. De nouveaux personnages apparaissaient, d’autres, au contraire étaient effacés du récit et donc des mémoires.

Comme, tout bébé il avait échappé de peu à la fureur rouge et dévastatrice de la montagne en colère, comme, peu après qu’il soit sorti du ventre de sa mère, on l’avait extrait en courant du nuage de poussières noires et sales dévalant du volcan en furie qui avait envahi tout le village, comme, il était gris au lieu d’être rose, on l’avait, dès ses toutes premières minutes, surnommé Cendres. Et, Cendres, comme ses ancêtres avant lui, comme les pères de ses pères, une fois le monstre assagi, une fois les plaies pansées, une fois le vert partout revenu, une fois les mangues aux manguiers, Cendres avait grandi là, d’abord dans les bras accueillants et protecteurs de toutes les femmes en âge de le porter, puis sur les flancs de celui qui avait failli l’engloutir alors qu’il venait à peine de débarquer sur cette terre.
Malgré le cataclysme des débuts, malgré les dévastations de l’origine, la suite de la vie de Cendres, son enfance avait été plus souriante. Quand le monstre se reposait, quand il se terrait au repos dans ses entrailles, quand il se faisait silencieux, les flancs escarpés de cette montagne étaient un paradis sur terre. Et ce paradis, c’est à peu près tout ce que la famille de Cendres possédait. Une nature luxuriante et généreuse, un climat doux, traversé d’alizés bienveillants, une terre riche et surtout des besoins raisonnables. Mais Cendres était bien un enfant du cratère, il en avait l’énergie vorace. Il avait su courir bien avant de marcher, il avait su rire bien avant de parler, il avait su danser bien avant de compter. Il fallait le voir dès le début des jours aller et venir et ne jamais se reposer. Il fallait le voir monter et... descendre puis remonter, saluer les uns, serrer les autres, sourires à ceux d’en bas, rire avec ceux d’en haut, distribuer à chacun des torrents de bienveillance souriante. Après les semaines terribles de l’éruption, il avait grandement contribué à faire revenir la vie dans tout le village. 
Où la joie est, Cendres y est disait-on à qui voulait l’entendre.
C’était simple, tout le monde ou presque dans ce coin s’accordait à dire que s’il n’était pas venu au monde il aurait fallu l’inventer et, du reste, c’est bien ce qui avait été fait…
 
***
Depuis plusieurs semaines déjà, la terre s'était mise à vibrer et lui, là-haut, tout au-dessus de nos têtes, à gronder...

Où lire Chri 
Où voir ses photos

7 commentaires:

  1. Cendres y est... et dire qu'il a failli tomber dans l'oubli d'une messagerie facétieuse !
    C'eut été dommage pour les sourires, les rires et la bienveillance

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  2. @Vegas ah oui, celui-là vient de très très très loin...

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  3. Ca me fait penser à "La vie des Elfes" de Muriel Barberi. Un être arrive et tout change et transporte la chance qui transforme la vie. Intéressant, vraiment !

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  4. Alléchante entrée en matière ! L'imagination cavale déjà vers la suite de l'histoire...

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  5. L'Arpenteur d'étoiles9 octobre 2015 à 14:34

    très joli portrait du héros futur inventeur pour la salut de son peuple (?) ... ce sera à toi de nous le dire :o)

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  6. Une approche très originale, galopante, même. Bien que je déplore un peu les trop nombreux "comme" et "quand"...,

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