L'ombre de ce(ux)que j'aime
L'ombre des paysages où j'ai vécus et/ou vibrés plane sur moi comme une protection invisible contre la violence et la bêtise du monde. Sans fermer les yeux, juste par la pensée, je retrouve leurs odeurs, leurs couleurs, leurs bruits. Je sens dans ma bouche le goût de noisette des côtelettes d'agneau de Casablanca, je touche le tissu que mon mari fabriquait dans l'usine qu'il dirigeait là-bas. Je sens le vent de la vallée du Rhône ralentir la progression de mon vélo dans la Drôme des Collines. Je prends à nouveau les lacets de l'Ardèche au-dessus de la rivière de montagne qui menaçait de déborder. La basilique de St Quentin se dessine au loin lorsque nous arrivons chez mes beaux-parents. Je frémis de peur et de nostalgie mêlées en passant au milieu des coteaux de Champagne. Je remonte la colline qui mène à l'atelier de Cézanne juste au-dessus d'Aix-en-Provence. Je découvre avec émerveillement la basilique Sainte-Sophie même si je l'ai vu cent fois dans des livres. Je sens mon corps bouger au-dessus des vagues de la Manche dans le ferry vers l'Angleterre. J'échange mon premier baiser dans la forêt noire allemande. A l'angle de la rue montante vers notre villa, le petit cimetière ariégeois apparaît. Je me marie à nouveau en Auvergne: c'était bien , comme un cliché vrai, le plus beau jour de ma vie. La Sagrada Familia est aussi époustouflante dans la réalité que dans la biographie de Gaudi. L'avion descend vers la lagune et Venise surpasse mon imaginaire littéraire et pictural. La bière des petits bistrots de Belgique le dimanche coule dans ma gorge, l'ambiance y est si bon enfant. Nous partons à la recherche de bisons de Lozère mais le brouillard est si dense que tout y disparaît. Je visite la Pinacothèque, le Louvre, le Jeu de Paume, Orsay, l'Orangerie, le Luxembourg, le musée Delacroix, André, Le, Le, le Petit-Palais. Je trotte d'une exposition à une autre, avide d'art.. Je m'arrête devant les œuvres, leurs contours ou les idées qu'elles véhiculent. Le lac Léman s'étire entre Suisse et France, me rendant mon reflet lors de notre premier voyage. J'ai tout de suite aimé Villefranche sur Saône et son musée Paul-Dini. Je mange un steak américain dans un bistrot sympa de la Grand-Place de Lille. Le Palais du Facteur-Cheval est bien l'architecture idéale d'un génie. Je comprends en le traversant pourquoi le Vercors a abrité tant de luttes. Deux séjours sur la Côte d'Azur et Marseille furent pluvieux. Ça n'atténuait pas leur intérêt.
Je pourrais citer d'autres lieux tant les paysages sont ceux de mon âme. Ils me permettent de faire pâlir les moments de doute ou de peur à l'ombre de leur aura.
Où lire Laura Vanel-Coytte
L'ombre des souvenirs se cache dans les paysages...
RépondreSupprimerUne belle balade, aussi personnelle que gourmande.
RépondreSupprimerDes paysages revisités pour des balades en veux-tu en voilà, de quoi effectivement, charmer le voyageur à vie. il suffit d'évoquer ...
RépondreSupprimerbeaucoup de paysages chez moi
RépondreSupprimermerci pascal
Qu'elle est belle et pleine, la valise de tes souvenirs! Tu y as amassé des gourmandises, des bonheurs, de l'amour, du rire, de la tendresse, tant de vie! Tu as bien choisi ton titre: l'ombre de ceux (et de ce) que tu aimes.
RépondreSupprimerbeaucoup plus de lieux vécus que juste traversés, 3 ans en moyenne par lieu de vie
RépondreSupprimer(Ce que j'écris),ce(ux)que j'aime est aussi le titre de mon blog
Un méli-mélo poétique de promenades et de voyages, de délicieuses madeleines au creux de la main...
RépondreSupprimerBravo!