Cauchemars
L’ombre
de sa main caressait mon visage pendant ces cauchemars de jeune
désespéré. Alors, entre larmes et sueur, les carnages
s’argentaient, les orages s’essoraient, les mirages
s’estompaient. En brûlant, les chimères arides se disloquaient
contre les murs de la chambre ; les monstres alignés
s’ennuyaient jusqu’à se dissiper en frissons dans mon dos ;
les sables mouvants se refermaient avec la couverture tendue ;
j’avais pied dans les abysses insondables du fond du lit ; les
déferlantes naufrageuses des draps froissés s’épuisaient ;
les plus terribles poisons de gorge sèche avaient leurs antidotes
avec un seul verre d’eau ; l’Horreur s’éloignait de ma
chambre…
Ma
joue se réchauffait lentement. Confidente de cette jeunesse
angoissée, maman me murmurait des mots de tendresse, des mots qui
repoussent les démons dans leurs forteresses, des mots qui racontent
des aventures de chevaliers aux grandes hardiesses, des mots, comme
des formules magiques, qui rendorment, loin de toute rudesse…
Bercé
encore, j’écoutais la cadence apaisante de sa respiration
maternelle ; là, entre les draps dentelle, la nuit redevenait
fidèle ; aux anges, je retrouvais les ailes ; aux Enfers,
j’avais refermé la porte pénitentielle, à la noirceur des
Délires, je voyais la Lumière au bout du tunnel…
Inexorablement,
la tiédeur de l’oreiller m’aspirait dans un nouveau sommeil ;
le sang ne coulait plus, les loups s’étaient tus, les serpents ne
sifflaient plus, les fantômes devenaient superflus, les écorcheurs
s’étaient rendus, les monstres étaient repus…
la tendresse d'une mère, si bien racontée !
RépondreSupprimerJ'ai de la chance : j'ai vécu ça avec une maman aussi exceptionnelle que celle-là. Joliment décrit !
RépondreSupprimerBeaucoup de poésie, c'est magnifiquement écrit, j'aime beaucoup !!!!
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimervoilà un beau texte bipolaire, avec des images foisonnantes
Hé, vous devrez m'expliquer le terme bipolaire tel que vous le définissez !... :)
SupprimerHymne superbe à la tendresse maternelle - et belle plume, j'aime beaucoup.
RépondreSupprimerC'est un pur bonheur que de vous lire Pascal ! - que dire de plus ?!
RépondreSupprimerAh oui ! - j'aurais tant aimé être l'auteur de : « les orages s'essoraient » Magnifique, bravo !
J'aime beaucoup le contraste évoqué avec finesse..
RépondreSupprimerComme ça fait du bien de lire des mots aussi doux ! Ca te replonge dans ton enfance et dans la sécurité rassurante des bras maternels... Merci Pascal ;-) Thérèse
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