vendredi 2 octobre 2015

Zoz - Un beau salopard

L'amour de force !

~ tu es si petite dans ce champ, à peine six ans, à explorer la vie, insecte par insecte. si près de ta maison et pourtant... il t'observe de sa fenêtre, le regard chargé, le corps lourd. il frappe par petits coups à sa vitre, t'invite « à venir voir quelque chose ». tu accours, innocente, voir les belles choses. une grande table surchargée de beaux objets, au fond d'une grande maison, tout au fond. elle était bien sombre cette maison, toutes toiles baissées pour faire affront à la chaleur criante du jour, et assez secrète pour égarer ne serait-ce que quelques instants un petit oiseau captif

tandis que tu t'émerveilles des vases de cristal, des cuillères d'argent, des fleurs, il glisse sa glissière « je vais te montrer quelque chose... » et d'une main encore forte il appuie comme un fruit rose ta petite bouche contre son désir. d'instinct tu sautilles, cours au fond de la cuisine, et vous commencez à tourner autour de la table, un tour, deux tours, manège ridicule. Lui comme un clown le pantalon ouvert qui n'a pas encore fini son numéro, le lapin triste, mort au bord du chapeau, toi comme une petite souris qui cherche la sortie. quelques tours fous et tu prends le passage brûlé'blanc par la lumière du dehors, encore étourdie de questions...

au fond de la maison reprend souffle « une vieille peau » , le cœur sale, la tête pourrie

sa fille d'une minute à l'autre doit rentrer de l'église en ce jour de son mariage !!! heureuse d'embrasser son vieux père malade, hagard pourtant, l'œil curieusement fuyant ..

zoz..

Où lire zoz

18 commentaires:

  1. Pudeur et ingénuité dans tes mots, Zoz, donnent encore plus de force à cette scène où le salopard n'en est que plus vil et repoussant... des mots choisis pour dédramatiser ce qui ne peut l'être.

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    1. Oui... dire les choses sans trop accuser... juste écrire... Sauf que depuis j'appelle avec dégoût ces gens qui touchent des enfants « des vieilles peaux ».

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  2. un sacré dégueulasse en effet :(
    même si j'en ai tant entendu sur ce type de sujet au cours de ma vie professionnelle...

    ton texte, bien que très clair, suggère suffisamment, pour nous faire comprendre comme l'innocence est salie

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    1. Merci Tisseuse pour ta lecture. L'innocence en effet...

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  3. J'ai essayé d'écrire un jour un texte réparateur où cinq cousins tuaient le monstre... Un monstre qui n'a jamais été puni... Mais les deux principales victimes ne l'ont jamais lu...

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    1. ...c'est un sujet douloureux à écrire pour ceux qui vivent ça de façon récurrente sur une longue période, et pourtant !

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  4. Pas un beau mais un parfait salopard. Une magnifique poignante et douloureuse évocation.

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    1. Chri tu me touches... merci pour ce beau compliment ! J'écris avec mon cœur...

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  5. Parfaitement mené ! C'est un exercice difficile que parler de ce sujet sans tomber dans le pathos. Bravo ! Tout est suggéré avec pudeur et délicatesse.

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    1. Merci Albiréo pour ta lecture. J'ai écrit ce texte un peu avec le cœur de l'enfant qui subit l'action, puisque j'y étais... surtout le manège ridicule autour de la table... Petite souris qui trottine vite, le cœur battant et qui enligne la sortie, le vieux clown à bout de souffle - vous auriez dû voir la scène - ridicule !

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  6. Ici, je pense que le terme de salopard est bien faible en comparaison de cet ignoble forfait.

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    1. Oui Pascal ! c'est bien triste que tout ça existe... la pureté de l'enfance est sacrée.

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    2. Y a point de pureté chez les gosses ni ailleurs. Fait toi braquer en Afrique par une bande de gosses armés (entre 6 et 15 ans),les yeux rouges de faim...il se peut que tu sortiras de ta toure d'ivoire de bien pensant,bien nourrit.La pauvreté rend les gens fous,même les mômes !
      C'était il y a bien longtemps,lorsque je donnais mon temps à l'humanitaire.Je n'en veus pas à ces enfants,ils sont certainement morts depuis.
      Parfois,l'hiver,j'ai encore mal du coup de couteau de la p'tite...la plus petite.

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  7. terrible ! et pourtant il y a encore pire ! l'horreur n'a pas de limites !

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  8. L'Arpenteur d'étoiles4 octobre 2015 à 07:39

    remarquable écriture. Tu réussis à décrire une scène aussi repoussante avec de la délicatesse, une forme de poésie (mais ça c'est ta marque de fabrique) et la douce innocence de la petite.
    La chute du texte amplifie encore la violence de l’histoire
    Bravo Zoz, tu m'impressionnes vraiment.

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    1. Merci l'Arpenteur pour ton beau compliment, ça fait chaud au cœur... Je pourrais nommer mon texte « Le lapin triste ». C'est ce qui se dégage le plus pour moi à travers ce texte - la tristesse du « lapin ». Mais je titre rarement mes textes. « L'amour de force » n'est pas un titre mais bien un de mes thèmes d'écriture.
      Tant qu'à la chute elle est véridique, tandis qu'il faisait son triste numéro sa fille se mariait à l'église ce matin là... Merci pour ton mot l'Arpenteur !

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  9. ~.. !!
    La stupeur passée, je m'émerveille de ce que tu es allée puiser pour nous livrer ce texte, composé au plus près de la consigne et de son oxymore, et nous donner à lire une belle saloperie !

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    1. C'est surtout un texte qui vient du cœur Tiniak !

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