Tranches
Nous
sommes arrivés là haut, à pied, par le revers de la dune. Les
têtes dans la lumière, les âmes abandonnées aux bleus du ciel.
Et, si l’ascension fut rude, nos corps n’ont pas trop souffert.
Le sable a pourtant tout tenté pour nous dissuader de monter.
Il
s’est dérobé sans cesse sous nos pieds, un pas en avant, un pas
en arrière comme dans la ritournelle qui nous est venue. Malgré les
difficultés, l’ambiance était légère et la chaleur flottait
autour de nous comme un chaud linge dans un restaurant japonais.
Un
pas sur le côté, un pas de l’autre côté…
Il
n’y avait pas de chemin tracé, seul, le bleu était La Voie. Nous
avons débouché au sommet en criant victoire, alors ce que nous
avons alors vu, nous a assis.
Le
plus bel horizon qu’il nous avait été donné d’embrasser.
Un
horizon en tranches.
Une
de paix et de jaune, une de sérénité et de bleu, une de silence et
de turquoise.
Un
sandwich d’absolu. Nous sommes restés sur cet amas scintillant de
lingots d’or émiettés et nous avons attendu, immobiles, muets,
transformés, que le jour fatigue de tant de beauté.
Sans
plus un mot. Tout était dit.
Tout
était vu.
Un
immense tas de sable, un grand ciel, deux paires d’yeux et un peu
de temps pris sur la mort. Les émotions les plus fortes n’ont le
plus souvent besoin de rien d’autre, il suffit de voir pour être
chamboulé.
Pour
redescendre, nous avons attendu, là haut, sagement, que la nuit
descende sur la terre.
Où lire Chri
Où lire Chri
Le texte est passionnant et on le comprend à la vue du spectacle; merci d'avoir partagé cette balade du bout de la dune.
RépondreSupprimerJ'ignore si tu évoques la dune du Pilat mais une fois là-haut, le temps s'arrête et les gens aussi... et le soir tombant chasse les derniers rêveurs
RépondreSupprimer@ Vegas: Au fond, le banc d'Arguin...
RépondreSupprimerJe n'étais pas certain à 100%, pourtant j'y suis allé si souvent...
Supprimerle banc d'Arguin : alors on est bien sur la dune du Pyla et son horizon sublime ... j'aime beaucoup ce texte et ta façon d'évoquer cette découverte et son chemin
RépondreSupprimerCe sandwich de lumières et d'impressions m'a ouvert l'appétit avec sans mayonnaise. J'ai adoré !
RépondreSupprimerJ'ai refais cette balade que j'affectionne (avec la dune de St Trojan, plus modeste mais plus sauvage, d'Oléron) par ton texte qui le dit si bien, merci !
RépondreSupprimerSandwich d'absolu, ...un œil sur les étendues ostréicoles.
Saint Trojan j'y étais la semaine passée...
SupprimerUn ascension sportivement décrite, une vue grandiosement peinte, un souvenir photogénique en tranches de couleurs... et puis, le retour sur terre, la tête dans les étoiles, les yeux dans les yeux avec la lune....
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