Il glisse sur les
eaux calmes. Présence complice, la lune lui montre le chemin,
énorme disque d'or , posé au ras du paysage.
La barque noire, gondole lagunaire, avance silencieusement. Il devine ce monde sous-marin, porteur de vies, esturgeons, aloses, silures, carpes, brochets.
La barque noire, gondole lagunaire, avance silencieusement. Il devine ce monde sous-marin, porteur de vies, esturgeons, aloses, silures, carpes, brochets.
Echos du sillage de
l'étrave, des vaguelettes caressent les pieds des arbres ancrés sur
la rive sablonneuse. Il aime à se souvenir de ces feuillus,
saules, frênes, peupliers, reflétant leurs images dans l'eau, comme
leur servant de miroir; ces allées verdoyantes, paysage
éternellement recommencé, que la lumière du jour peint et repeint
au gré des heures et du temps.
Chuintements,
frôlement d'herbes sèches, cassantes, la barque traverse une
roselière. Plus loin, il sait, plus qu'il ne devine, un nid de
pélicans. Il ne troublera pas leur repos. Ces grands oiseaux
magnifiques, compagnons des cormorans, pointillés blancs et noirs
mélangés, sur les grands lacs, où convergent bras aquatiques et
canaux.
C'est à une autre rencontre , qu'il se prépare.
Il a longuement réfléchi, errant sur les dunes alluvionnaires, parcourant de lianes en lianes, d'arbres en arbres, cette forêt que, depuis son enfance, il connait si bien. Lieu magique, avec ses chênes séculaires, troncs si larges, que deux bras ne suffisent pas pour les encercler.
Compagnon de ces fiers chevaux sauvages, dont il a su devenir l'ami, enfant de ce pays, où, voilà bientôt quatre siècles, ses ancêtres ont choisi de s'installer, fuyant les persécutions tsaristes. Elevé dans ce village, qu'il a choisi de quitter; la maison blanche, ses volets bleus, pour rappeler la mer, le clocher orthodoxe, croix au bras incliné, en haut le Ciel, en bas les Enfers, les jardins où les brassées de roseaux, regroupées, wigwams dorés, sèchent, attendant de couvrir une charpente, les champs où paissent de rares vaches, les rues sablonneuses, ce parler ancestral russe, traduit dans la langue d'adoption, le roumain.
Il a rendez-vous; peut-être ici, peut-être, loin; il ne sait. Son bateau avance, les rames plongent doucement dans l'eau, écartant,nappe verte étalée sur l'eau, les feuilles des nénuphars.
C'est à une autre rencontre , qu'il se prépare.
Il a longuement réfléchi, errant sur les dunes alluvionnaires, parcourant de lianes en lianes, d'arbres en arbres, cette forêt que, depuis son enfance, il connait si bien. Lieu magique, avec ses chênes séculaires, troncs si larges, que deux bras ne suffisent pas pour les encercler.
Compagnon de ces fiers chevaux sauvages, dont il a su devenir l'ami, enfant de ce pays, où, voilà bientôt quatre siècles, ses ancêtres ont choisi de s'installer, fuyant les persécutions tsaristes. Elevé dans ce village, qu'il a choisi de quitter; la maison blanche, ses volets bleus, pour rappeler la mer, le clocher orthodoxe, croix au bras incliné, en haut le Ciel, en bas les Enfers, les jardins où les brassées de roseaux, regroupées, wigwams dorés, sèchent, attendant de couvrir une charpente, les champs où paissent de rares vaches, les rues sablonneuses, ce parler ancestral russe, traduit dans la langue d'adoption, le roumain.
Il a rendez-vous; peut-être ici, peut-être, loin; il ne sait. Son bateau avance, les rames plongent doucement dans l'eau, écartant,nappe verte étalée sur l'eau, les feuilles des nénuphars.
Tout a commencé à
Sulina; venu faire des achats pour la pêche, une affiche a attiré
son regard; plutôt une silhouette. Silhouette entrevue, il ne sait
d'abord où; puis reviennent les souvenirs; c'était dans ce
cimetière où se mêlent tombes ottomanes, hébraïques,
grecques, russes, épitaphes écritures cosmopolites ; il l'avait
remarquée, dans ce coin où sont enterrés des naufragés. Il
s'était approché, avait lu Margaret Ann Pringle, née à
Newton-by-the-Sea, noyée à l'âge de 23 ans. Une longue
explication, écrite en anglais, racontait le drame qui se joua et
dont les tombes témoignent. L'histoire se passait le 21 mai 1868
lorsque le bateau S. S. Adalia fit naufrage devant la bouche de
Sulina. A côté, la tombe de William Webster, 25 ans, officier
chef sur le navire et très probablement amoureux de la jeune fille.
Il plongea pour espérer la sauver mais périt avec elle dans les
eaux froides de la mer Noire ("who nobly sacrificed his own
life in endeavouring to save...
Dans ce cimetière marin, dernière demeure de bien des naufragés, qu'était-elle venue faire? Il n'eut pas le temps de le lui demander. Elle avait disparu. Sur les deux tombes, un même bouquet, des coquelicots rouges.
Dans ce cimetière marin, dernière demeure de bien des naufragés, qu'était-elle venue faire? Il n'eut pas le temps de le lui demander. Elle avait disparu. Sur les deux tombes, un même bouquet, des coquelicots rouges.
Il fit des
recherches sur la présence de ces anglais, sur les naufrages, les
naufragés; il fallait qu'il la retrouve...
Trop envie de savoir la suite !!!
RépondreSupprimerOn navigue sans peine au fil de tes mots dans un paysage envoûtant... très beau texte, Jacou
RépondreSupprimerLa suite s'impose !
RépondreSupprimerdu souffle romantique et romanesque, des énigmes, des doutes, des craintes ... un départ sur un long fleuve, une saga de plusieurs générations sans doute ... j'ai adoré !
RépondreSupprimerça commence tout doux comme la chanson de Delpech https://www.youtube.com/watch?v=kco0-iILLec, et puis ça enfle dans le romanesque et le tragique, de toute beauté !
RépondreSupprimerUne très (trop) longue description met en "attente".... l'intrigue qui file comme un souffle...... Une suite est certes attendue...
RépondreSupprimer... Quitte à faire doublon à la suite d'une manoeuvre "distraite"....
RépondreSupprimerLa description d'entrée m'est apparue un peu longue, l'intrigue est arrivée comme un souffle... j'attends la suite avec impatience....