Une maison blanche
Il
en va des maisons comme de certains paysages, ils vous appartiennent
sans qu’on les ait vraiment achetés.
Cette
maison là était mienne. Accrochée à son bout de roches, ça ne se
discutait même pas. L’œil, le vrai, celui du cœur, l’avait
désignée entre mille. Il avait senti, de très loin, son odeur
particulière, celle d’un endroit peu habité, un parfum mêlé
d’humidité marine, d’oyats salés et d’ifs vigoureux. En
l’observant de loin, en tendant l’oreille, d’un môle en face,
je pouvais entendre sa musique, composée de chœurs des rires
d’enfants, cascadant des combles aux caves, ses lumières étaient
rythmées par les ciels changeants glissant sur ses ardoises
luisantes, y déversant parfois des seaux d’averses versatiles.
Solide
sous les grains, tenace aux tempêtes, impavide aux bourrasques…
En y
regardant bien, on la devinait vivre au rythme des vies qui y
vivaient.
Ici,
on y venait parfois l’hiver, mais le plus souvent l’été. C’est
du reste à cette période qu’elle donnait le meilleur d’elle-même.
Quand
elle tremblait de présences, les volets paupières bleuies,
refusaient, souvent, le soir, de se laisser fermer. De dedans, ils
voulaient, à tout instant que le regard puisse porter aussi loin que
le ciel permette. Que l’océan soit disponible !
Après
les repas du soir, pris sous des parasols de tamaris roses, la cire
alanguie des dernières bougies éteintes, des lucioles vigilantes
éclairaient alors les fenêtres des chambres.
On y
lisait tard allongés dans les tiédeurs des nuits estivales. Il
arrivait même que dans certaines chambres on s’y embrasse à
lèvres feutrées, on s’y regarde à pupilles dilatées, on s’y
caresse à peaux dessalées… C’est qu’ici, tout le disait,
l’amour y était comme chez lui.
Sans
que je n’y sois jamais entré, je le sais bien maintenant, que
c’est elle qui m’a toujours habité. Que la bise s’y lève,
c’est une promesse de vent.
Un
rêve de maison ?
"Que l'océan soit disponible" J'aime beaucoup !
RépondreSupprimerUn rêve de rêve ? Mais si bien personnifié
RépondreSupprimerle rêve d'un rêve, un rêve de vie aussi et l'imagination qui prend le large
RépondreSupprimerUn rêve, oui, et n'appartient à personne et qui s'envole sitôt réveillé !
RépondreSupprimerBelle et talentueuse inspiration lyrique, j'aime beaucoup !
RépondreSupprimerj'aime aussi les averses versatiles, et lire tard allongé dans les tiédeurs des nuits estivales
Une belle façon d'habiter son imaginaire. C'est vrai qu'il arrive parfois que l'on s'approprie un espace, une maison...
RépondreSupprimerA écrire ces mots, il me revient le souvenir d'une route en bord de forêt. Une maisonnette au toit rouge se devinait entre les trocs; elle était pour moi, la maison du petit Chaperon Rouge.
Des années plus tard, je la vis, le toit effondré, je la regardai, j'essuyai une petit larme