UNE
ENFANCE DE CASANOVA (MAIS IL S’AGIT DE JACQUES-HENRI)
Les
rosières à la roseraie, rosissantes plus que de raison, séduisantes
ou laiderons, tournaient en rond comme du liseron autour du réséda,
oui-da, car c’était l’heure du laridé et l’on s’en faisait,
du mouron, comme des idées l’abbé Mouret, à se voir aussi soupe
au lait avec ses desiderata d’amoureuse peu pétaradante, à se
demander, hésitante, s’il faut payer rubis sur l’oncle, pour la
nièce niaise, une fois qu’elle s’est décidée à se dire
« Demain j’oserai demander au grand échalas Nicolas qu’il
me fasse la courte échelle, l’écarte-scrupules existentiels pour
monter au septième ciel ».
Elles
étaient jolies les Rennaises à l’époque du bassin à bateaux
près de l’entrée Palestine du jardin du Thabor ! Bateliers
bateleurs, nous nous bonimentions, nous promettions d’accaparer
tous ces trésors ! Des Marius de treize ans rêvaient de
Cléopâtre, des mariolles de seize ans se prenaient pour César
avant que le temps ne les concasse et que l’âge ne nous les
brise !
On se
demandait, m’as-tu-vu mutiques : « Que matas-tu là, sur
ton matelas, jeune matelot ? Est-ce Pétula ? Sous ton air
matois de matou miteux, tu m’eus l’air ma foi, bien ambitieux de
rêver matin à cette mutine tandis que montait depuis la cuisine le
fumet tentant d’un bœuf miroton ! Non mais dis-donc, mon
angelot, t’as vu la taille de ton javelot ? Dis, jeune os fait
rature, as-tu vu ta littérature comme elle eut saisons et châteaux,
oraisons et dents de râteau lorsque le vampire rendait l’eau
devant ces gousses d’aïe aïe aïe brandissant le mot
« épousailles » ? ».
Près du
kiosque à musique, qu’est-ce qu’on s’amusait ! Juliette
la boniche y pousse le landau moche dans lequel braille le mioche de
la famille Binoche mais on n’est pas mirauds, on voit bien les
képis, on voit bien les shakos qui coiffent la caboche des
militaires cupides : ils convoitent nos biches et leur tournent
autour sous l’œil plus ou moins torve des languides belles-doches
que viennent piquer les mouches attirées par la morve du bébé qui
chie dans sa couche. Face d’ange ! Fesse Fange ! Appel
Change ! Nouveaux Langes ! Fais la bête ! Mais tu
attendras, mon chameau, avant qu’elle soit à deux dos ! Mais
tu attendras méchamment avant qu’elle te mène au dodo et tant pis
si cela démange de façon lascive ou étrange !
Dans la
cabine de douche, rêvas-tu de sa bouche ? Entendis-tu son chant
ou point quand tu te passas du shampooing ? La puberté
t’abreuva tôt de tentations ! Près de la volière chinoise,
tu regardais les dem-oiselles dont virevoltaient les dentelles. Ce
n’était pas l’Enfer mais presque parmi ces oiseaux gigantesques
aux proportions plus que dantesques.
Quand tu
fais le ménage de tes méninges surnage l’image du manège, des
jardins sous la neige, des statues dénudées dénuées de pudeur
autour desquelles nous courions tirant nos luges comme au déluge
loin des horloges des concierges. C’étaient des jeudis sans radis
dans le paradis du rodage, bien avant le marivaudage, le rigodon et
le volage, c’étaient des temps de rigolade, de petits entrains
interlude, des temps heureux dont les auras ne nous seront jamais
rendues par les Zorros arides qui sévissent aujourd’hui et nuisent
à nos noces comme à nos nostalgies. Nos romances d’hier, quand
nous étions Robin, sont plus belles, robots, que vos performances de
demain ! And so long, Marianne !
Que Paris
conserve sa messe et ses Français dévots de ville ! Le jardin
du Thabor vaut bien pour ses variances, sa luxure, sa luxuriance
celui du Luxembourg en matière de folies. Souvenez-vous, bergères !
Je n’y épargnai pas la force de mon âge. Et s’il se trouvait à
refaire, même en chemin de fer, même dans l’Enfer, même à
l’envers tout cet apprentissage demain dans les cordages, de seins
dans les corsages, de sain dans les corps sages, de comblement de
lacunes, ben j’y retournerais ! Et plutôt deux fois qu’une !
et céki le roi de l'allitération ? ... Joe Queneau ou Raymond Krapov, au choix
RépondreSupprimeralors, comme d'hab, bonheur, plaisir de lecture, et sourire à tous les coins de phrases
et c'est vraiment extra !! :o))
pendant que je rédigeais mon com, l' arpenteur d 'étoiles m' a coupé l herbe sous les pieds ... ces allitérations m'ont enchantées, mais qui mais qui???
RépondreSupprimerAllitérations, allitérations! C'est malin, me voilà avec une tendinite à la langue... ça m'apprendra à lire à haute voix tes maudites élucubrations, Joe :)
RépondreSupprimerJoe tu es l'enchanteur Rennais par excellence !
RépondreSupprimerau pif,Devos?
RépondreSupprimerJe fus fort éBAUBI à LA POINTE du Raz
RépondreSupprimerEn découvrant cette littérature allitérative (de la Bretonne !).
Merci de vos commentaires et solutions pas tombées loin !
Queneau ou La Pointe??ça pourrait être Devos aussi???Tu as l'art de jouer avec les mots.C'est toujours un ''casse tête chinois ''pour moi de te lire d'un seul trait .Je lis à haute voix et je déchiffre chacun de tes calembours si habilement écrits.Je suis pleine d'admiration pour cette'' gymnastique'' de style que tu as:o))
RépondreSupprimerrétif de la bretonne ? ... ah non notre cher Bobby la Pointe :o) ... bon ; on attend la vidéo de la chanson !!
RépondreSupprimerJ'abonde sur le com' de L'Arpi ! Et j'ajoute : grâce à toi, ni Francis Blanche, ni Pierre Dac ne sont morts, SANS DOUTE !! Merci pour ta fraîcheur d'esprit, sacré toi ! ♥
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