Le Mamelon
L’hiver la neige recouvrait de son manteau cotonneux blanc cette immense colline, qui offrait à tous les enfants du quartier une piste de luge mirifique; nos petits derrières se contentaient d’engins de fortune, réalisés avec de simples pochons plastiques, grisés par la vitesse que nous procurait notre glissoire, nous passions de longues heures à ce défouloir, malgré les engelures, le froid qui bleuissait nos doigts.
Quand les joies hivernales se tarissaient et que la douceur du printemps s’installait, les grands pins noirs d’Autriche nous offraient leurs branches tarabiscotées pour des parties d’escalades magistrales; aux parfums sublimes de sève poisseuse, la nature nous encensait sans rancune aucune.
En période estivale, nous partions en chasse bâton à la main, nous débusquions des nids d’orvets; l’anguis fragilis, dans les haies sous la rocaille.
Les plus jeunes d’entre nous nous exhortaient à la prudence, gardant une distance respectable, certains serpents pouvaient atteindre jusqu’à cinquante centimètres.
Nous n’avions point l’intention d’abâtardir ce magnifique lézard apode; doué de la faculté d’autotomie, en se sentant attaqué, il abandonnait à son agresseur une partie de sa queue, nous nous contentions de les caresser, les sachant non venimeux, sans les capturer. Souvent le matin, dans les allées ils se réchauffaient aux rayons du soleil, se laissant contempler à loisir.
Pour jouir de cet havre de paix, il ne m’a été donné qu’une seule année, pourtant,dans mon âme règne comme une promesse d’éternité.
Enneigé ou "lézardé", ce mamelon gagne à être connu... mais je ne suis qu'un homme!
RépondreSupprimerBienvenue aux Impromptus Littéraires, krystel
MERCI:)
RépondreSupprimertrès joli souvenir que cette année éternellement gravée dans ta mémoire
RépondreSupprimerle titre m'a fait penser à Hugo (Waterloo) :
"derrière un mamelon la garde était massée" :o)
mai le style dont tu uses raconte autre chose, un peu de Maupassant par exemple ...
et bien sur, bienvenue chez nous Krystel !
Honorée, mais ni l'un ni l'autre
Supprimersouvenirs indélébiles que de débusquer, luger, s’étonner et encore s’étonner, tous ensemble complices de l'amitié
RépondreSupprimerPARDON Mr Balzac
RépondreSupprimerIl eut été Honoré :)
SupprimerMerci Mr Vegas :)
Supprimerbelle arrivée chez les Impromptus avec un texte très bien tourné
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