Si on m’avait dit qu’elle serait là, comme une ombre assise sur le banc de pierre.
Plus de dix années s’étaient écoulées. Dix
années pendant lesquelles je vivais dans
la mémoire d’elle sans jamais pouvoir m’en évader. On tente de construire des
murs pour se séparer des douleurs du passé. Mais toujours une fissure apparaît
d’où s’échappe un rai de lumière diffuse, comme un regard croisé, un parfum respiré, un mot ou un rire
entendus au détours d'une rue, qui nous font tourner la tête en pensant que c’est elle.
On trébuche sans cesse sur nos souvenirs. Ils se
saisissent de nous, nous triturent et nous laissent exsangues des larmes pleins
les yeux, et une amertume douce dans la bouche.
Souvent mes pas me ramènent vers le cimetière où elle repose
depuis dix ans. Il est adossé contre une
colline ronde. De là-haut on domine la vallée où s’accrochent souvent des
écharpes de brumes grises. Mais les matins de printemps le soleil baigne la
campagne d’une lumière bleutée.
Hier elle était là, dans cette lumière, silhouette
légère. Elle m’a regardé en souriant, pâle, presque transparente. « Arrête
de venir ainsi pleurer sur ma tombe ; je n’y suis plus depuis que l’on m’a
couchée dedans. Ne te complais pas dans cette tristesse qui t’empêche de renaître et d'aimer encore. Regarde comme la
nature est belle et comme le monde a changé. Toi tu demeures drapé dans ton lourd
manteau d’hier ». Elle est restée comme flottant devant moi, a déposé une forme
de baiser sur mes lèvres et s’est évanouie dans la tiédeur de l’air.
Si on m’avait dit qu’un jour la mort me redonnerait la
vie.
Si on m'avait dit que j'écraserais une larme devant mon PC ce midi...
RépondreSupprimersi on m'avait dit que je provoquerais cette émotion là ... j'aurai été ravi :o)
Supprimertrès touchant et très réaliste...
RépondreSupprimeravec le sourire
Entre brumes et soleil, comme un baume sur les plaies du coeur... Triste et joli
RépondreSupprimerSuperbe et émouvant... Merci...
RépondreSupprimermerci aussi à toi, Chri !
SupprimerOh ! quel beau texte !
RépondreSupprimer« Toi tu demeures drapé dans ton lourd manteau d’hier » Lourd manteau d'hier - comme c'est beau ! j'aurais aimé être l'auteur de cette phrase, bravo l'Arpenteur !
merci Zoz, mais je peux t'avouer qu'il y a nombre de tes phrases que j'aurai aussi aimer écrire :)
SupprimerCent fois sur le métier remettons notre ouvrage (en plusieurs fan-tômes)...
RépondreSupprimer"Aujourd'hui, maman est morte..." L'être en jets !
RépondreSupprimerTiniak Meursault, je suppose :)
Supprimerla vie nous fait cheminer avec tant de paradoxes...
RépondreSupprimertrès émouvant !
Si on m'avait dit qu'un jour je lirai ton texte
RépondreSupprimerJe ne suis pas étonnée que tu aies écrit un si beau texte..Je retrouve dans ta poésie, l'intime liaison de la mort et la vie qui apparait en filigrane dans tes phrases.Comme tu le dis si bien ''la mort peut redonner la vie'':Une belle philosophie!:o)
RépondreSupprimerMerci pour ton texte très émouvant qui donne envie de vivre, encore et toujours ...
RépondreSupprimerBelle catharsis.
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