lundi 12 février 2018
Annick SB - D'un océan à l'autre
Les flots violets…
D’un océan à l’autre, je dis la nuit
La nuit paisible
Paisible et immobile, miroir sans tain
Teintée de rêves qui me bercent, les flots gentiment me balancent
La surface froide et froissée se meut sans rien laisser paraitre
Je navigue vers le Pacifique
Chimères
Les vagues ne se déchainent plus
Tu as disparu
Oh ma mère !
Éphémère comme toutes les autres
Tu es partie on ne sait où
As-tu coulé sous les flots noirs ?
T’es-tu enfoncée dans l’abîme ?
Tu as voulu sans laisser trace quitter la Terre, mourir, t’enfouir
Sans aucune place saisir, sans épitaphe à noircir et je divague quand j’y songe
J’aurai pu graver sur le marbre tant de mots et tant de baisers
Que le pardon m’a octroyée
Tu nous laisses sans appui, le vide est grand
Nos larmes remplissent les océans
Pour tous, trop tôt et sans haillon, tu as franchi les horizons …
D’un océan à l’autre la nuit s’enfonce
Je ne veux pas que tu te sois perdue
Trop tôt ; trop tard
Qu’importe ces paroles
Les couleurs passent à leur tour
Le bleu semble devenu noir
Le temps nous plombe ; être sans toi
Toi si présente encore pourtant
Je dis la nuit
La nuit agitée
Sans voilure
Sans consistance
Sans parure
Barre jetée sur le navire qu’aucune ancre ne fait faillir
Dans la cabine des délires le hublot ne me répond pas
Il a oublié les soupirs qui accompagnent ton trépas
Je tangue
Je dis l’amour
Je dis l’errance
M’entends-tu ?
Ne le peux-tu pas ?
Le clapotis des vagues, inlassablement me balance
A la figure ton absence et ton cœur
Plus jamais ne bat
Oh, ma mère !
Mes mots soupçonnent ton infortune
Et ton silence m’importune
C’est ce choix que je ne comprends pas
Mais je garde un espoir, une promesse
Que Dieu t’a faite Psaume vingt-trois
Quand tu feuilletais balbutiante les mots rêvés de vive voix
As-tu franchi les hautes dunes qui séparent nos deux miroirs ?
M’as-tu comprise ?
T’es-tu confiée ?
Où es-tu maman, où es-tu ?
Je sens des larmes qui m’inondent
Je dis la nuit et tu n’es plus
Tu n’as choisi aucune tombe et je reste là si perdue
Le sable céleste illumine mes prières et tes oripeaux
Laissés pour morts comme bannière pour atteindre le bord de l’eau
Le ciel parfois s’y reflète
Tant d’étoiles y sont accrochées
Y ‘en aura bien une pour toi qui brillera pour te sauver
Tirant sa traîne de lumière, faisant de toi une luciole
Je pense à celles qui rassurent, au creux des ténèbres, la nuit
Le vagabond ou bien l’ermite
Le pêcheur et le bon berger
Celles qui effleurent nos brumes
Sans corne, grises, à l’unisson
Guidant nos désirs et nos manques sur l’océan où luit la lune
Les vagues en deviennent moutons
D’un océan à l’autre, soudain tout semble violet
Tout dérape, tout attend et rien ne respire
Les flots comme l’herbe coupante
La couleur des enchantements
Tout se tait et moi je chavire
Je songe au-delà des rêves au temps qui ne s’arrête pas
Il existe un chemin, une trêve
A laquelle on ne s’attend pas
Prions que tous puissent le prendre
La peur y crève, la nuit s’élève
Le souffle croît et je te vois
La Paix surgit sans qu’on la nomme
De vagues en vagues je me perds
Je dis la nuit et c’est possible
Je le crie à qui veut bien l’entendre
Ma mère, ne disparait pas
Tout doucement, je t’imagine, je me souviens et je le crois
Nos petits pas et nos grands rires
Nos plongeons dans les eaux profondes
Tes mots, saupoudrés d’embruns salés jetés cahin-caha à la surface d’huile de ces flots apaisés quand la brise devenait silence
Tes paupières frétillantes
Ton élégance et nos fous-rires
Tout y passe et rien ne me hante
Le plus grand désir qui m’habite est celui de toujours t’aimer
Il prend forme dans les vagues lentes qui m’entrainent à te le narrer
Oh Seigneur, étends la promesse d’une luisante place de Vie, près de ton cœur et sans détresse quand l’océan mouillé bleuit et que les âmes se dispersent, dans les flots violets de la nuit…
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18 commentaires:
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une longue plainte, d'une peine devenue prière
RépondreSupprimertu nous confies là une tristesse insondable et un espoir infini tout à la fois
Tu as raison , il y a quand je pense au décès de ma mère beaucoup de tristesse mais aussi un très grand espoir.
SupprimerTa façon d'écrire est limpide...tu nous ouvres ton coeur, c'est triste et troublant...
RépondreSupprimerMerci Maryline ! Le trouble vient surement du choix très particulier de ma mère...
SupprimerC'est très beau . Aux questionnements et à la tristesse répond de l'espérance.
RépondreSupprimerL'espoir fait vivre !(Au moins les vivants !) Merci Mapie
SupprimerC'est vraiment très beau.
RépondreSupprimerJ'avais écrit ceci il y a quelques temps :http://blogborygmes.free.fr/blog/index.php/2016/02/21/1833-vous-croyez-aux-revenants
Tu sais Annick, tant que les disparus sont présents dans nos cœurs, ils ne sont pas tout à fait morts.
Tu sais
Merci Andiamo. Oui les morts sont vivants, au moins encore dans nos coeurs.La Vie à laquelle je crois à laquelle j'aspire pour ma mere et tant d'autres se nomme Eternité... Et là c'est une autre histoire qu'une histoire de coeurs n'est ce pas !!! Quoique ?�� Merci pour ton partage de texte sur les revenants !
SupprimerMagnifique ! et très émouvant, cet hommage rendu à ta mère.
RépondreSupprimerTu as une écriture vraiment belle.
¸¸.•*¨*• ☆
Merci beaucoup Célestine !
Supprimertes mots en écriture coulent sur les flots
RépondreSupprimerun bel hommage, en une bouteille jolie
c'est à lire et relire plusieurs fois
c'est beau
me fait penser - parce qu'un être cher manque -
à un que j'ai écrit et que je déterre
du coffre de mon oubli pour l'occasion
Mon Marin
L’amer dit la guerre,
Fantôme, et fige tes mots
Au bonhomme hiver.
Rien qu’une lettre de décembre :
Mon pacha, en ton vaisseau
Sur la nuit noire,
Écoute mon histoire.
Sans toi,
Je suis transie.
Sous le soleil, le milieu du jour
N’éclaire plus la garrigue,
Il fond sur les tombeaux,
Les couvrant de roses.
Sans toi,
Plus de parfums,
Plus de couleurs,
Les bruyères fanées éloignent les carabes,
Plus un son, plus un chant.
Le fils d’Henri taille des sifflets,
En silence.
Juste l’église, au lointain,
Qui résonne.
Louise se tait, écoute.
Sans toi,
Juste mes larmes,
Juste les flots,
Loin des marées guerrières,
Ici à l’arrière.
Calme écume de l’agitation si lointaine.
Mes yeux se ferment.
Juste un éclair,
Par toi dévêtue,
Sans toile, sans toi, sans voile,
Délaçage si doux du gréement, pays sage,
Défaite.
Mon cœur s’entrouvre,
Enfin.
Commandant impassible, sans fin,
Paisible autant qu’à son bord,
L’été revient,
Abreuvé de l’amer,
D’eau salée, de sang et de larmes,
D’odeur, de saveurs, à l’envie,
Loin des naufrages,
Je suis la mer…
C'est vrai que nos deux poèmes nagent dans les mêmes eaux !!! Merci beaucoup pour le cadeau !
SupprimerC'est vraiment magnifique et émouvant.
RépondreSupprimerMerci !
SupprimerC'est un beau plaidoyer qui trouve ses racines dans le souffle divin.
RépondreSupprimerEn quelque sorte ...
SupprimerIl reste le souvenir, d'abord violent comme déchirure, comme noir océan, puis les flots mauves et l'océan de souvenirs apaisants. Tu le dis fort bien, avec une émotion touchante.
RépondreSupprimerMerci !
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