Le chat qui
en était une, me fixait comme une idée entêtante, comme un point lumineux dans
le noir d’une nuit profonde, comme un doigt d’imbécile pointé vers une lune de
demi nuit. Elle me fixait l’enveloppe, un point précis de l’enveloppe tant son regard était droit, direct,
pénétrant, accuit. Elle doit me regarder l’intérieur, je me suis dit, en bout
de course, épuisé par la densité de son regard. Elle pointait sur moi un rayon
laser, une lame sidérale de photons concentrés. Du reste, elle me regardait
l’intérieur, elle allait jusqu’à l’âme avec ses yeux de couteaux. Je me sentais
autre que dévisagé, je me sentais dévoilé, déshabillé, nu, comme un ver dans un
bal de charité, mal ordonné, gigotant sur un carrelage gelé.
Pire, dès
que je bougeais, elle me suivait de ses deux yeux jaunes, j’allais à gauche,
elle y était avant moi, je tentais la droite, elle m’attrapait dans sa ligne de
mire et ne me lâchait plus. Elle ne manifestait rien d’autre que cette vive
attention, cette concentration extrême à mon endroit.
Si j’avais
eu le cœur à m’amuser, j’aurais certainement tenté d’explorer jusqu’où elle
irait, mais le temps n’était pas à la fête.
Elle me
fixait, elle, et ce n’était
malheureusement pas le cas de sa soit disant maîtresse sur les genoux de
laquelle elle était lovée, elle, qui se foutait pas mal de moi depuis plusieurs
semaines, je dirais cinq bonnes, sans me tromper, moi… Son encore maîtresse qui
regardait bien ailleurs au travers de la fenêtre semblant surveiller la cour
dans l’attente d’une quelconque apparition…
Depuis cette
soirée chez les autres là, ceux que je détestais maintenant cordialement, où je
l’avais surprise au détour d’un couloir, sur la pointe de ses deux pieds aimés,
ses mains vénérées, autour de son cou, plongée dans les bras de ce Paul de
malheur…
Cette chatte te sonde Chri avec une acuité extraordinaire.
RépondreSupprimerVoici un très beau texte que j'aime beaucoup.
@ Marité Merci Marité.
RépondreSupprimerIl semble qu'on ne puisse avoir la chatte et sa maîtresse
RépondreSupprimer@ Vegas sur sarthe. Il m'a fallu une page pour le dire!
RépondreSupprimerEntre le chat et Paul, je ne sais lequel choisir ?
RépondreSupprimerpeut-être que la minette a tout compris et exprime à sa manière de l'intérêt pour le personnage masculin...
RépondreSupprimerUn texte qui laisse un rien... chafouin !
RépondreSupprimer@ Tiniak Ce n'est que pour le mot, j'espère :-)
RépondreSupprimer@Tisseuse, ils en savent toujours bien plus qu'ils n'en disent...
@ Andiamo Le chien qui dort dans son panier n'est pas mal non plus. :-)
Presque une introspection "en miroir" et surtout superbement écrit !
RépondreSupprimer@ Lira Oh merci!
RépondreSupprimerTu vas à gauche, elle tourne ses yeux vers la gauche. Tu vas à droite, elle tourne ses yeux vers la droite. Comme tu connais bien les chats toi. Cette manière de nous scruter comme un enfant assis en face de toi dans le métro...
RépondreSupprimer@Tomtom Latomate Si quand je vais à gauche elle regarde à gauche, elle me perd de vue...
RépondreSupprimerLa maîtresse de l'une ne sera plus la maîtresse de l'autre !
RépondreSupprimerTu as très bien décrit la difficulté qu'il y a (eu) à être le rival de Paul McCartney ;-)
@ Joe Oui, oui, c'est ça!!! Mac Cartney ou un autre!
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