La
rumeur avait fait le tour du camping : il avait un truc en plus, un
jouet extra ou un savoir faire, qui faisait toute la différence. Il
déclenchait sur son passage des chuchotements, des gloussements...Sa
démarche pourtant si naturelle, laissait deviner un homme simple et
ordinaire. Grand et mince, il semblait ne faire aucun effort de
coquetterie particulier. Chaussé de sandales de cuir, ses jambes
velues arboraient des bermudas en grosse toile beige ou kaki, sur
lesquels tombaient, des polos de toutes couleurs et sans crocodiles.
Sa chevelure épaisse, châtain clair, encadrait un visage doux, que
de grands yeux rêveurs rendaient encore plus juvénile. Il avait été
vu en compagnie de plusieurs filles depuis son arrivée et les
langues allaient bon train...Les femmes du camping, intriguées
épiaient ses déplacements pour ne rien manquer des détails
croustillants susceptibles d'être racontés ensuite. Elles
s'émoustillaient en essayant de deviner son eau de toilette,
respirée furtivement en faisant la queue au dépôt de pain de
l'accueil et se mordaient les doigts de ne pouvoir le suivre en
ballade sans se faire repérer. Après les repas, les femmes
insistaient pour assumer la corvée de vaisselle, excellente, pour se
rassembler et livrer avec des petits silences amusés, dignes de
roulements de tambours, des détails aussitôt enjolivés et
colportés joyeusement.
Dans
une journée, il lui arrivait d'accueillir deux ou trois femmes dans
son bungalow. A chaque fois le même rituel : Il baissait les stores
et des instruments moyenâgeux, romantiques à souhaits,
diffusaient des accords troublants et évocateurs... Les oreilles à
proximité se tendaient au delà du raisonnable mais n'entendaient
rien de plus que de la belle musique classique. Peut-être du
clavecin..., mais peu importe...Il n'en avait pas l'air mais il était
tout de même bien un homme à femmes ! Il fallait protéger les
adolescentes du camping et bientôt en informer la patronne du
camping en personne ! Question de moralité ! Son petit manège
n'avait que trop duré, aux yeux de tous, chacun devinait ce qu'il se
passait entre lui et toutes les femmes qu'il recevait, stores baissés
!
Après
ses journées de débauche, il s'affichait au terrain de pétanque,
comme de rien était, parlant de tout et de rien alors qu'il ne
pensait qu'à une chose, s'accaparer la femme de chacun des
vacanciers. Il en devenait abject. Au bout de quinze jours de
surveillance rapprochée, Agnès ne pouvant plus contenir son dégoût
pour un prédateur dangereux pour l'intégrité des jeunes
vacancières, s'élance d'un pas décidé, pour en avertir la
patronne. Après tout elle paye sa location comme les autres se
dit-elle, elle est en droit d'exiger un minimum de bienséance.
"- Bonjour
Maryse, vous allez bien ?"
"- Très
bien Agnès, et vous, vous avez l'air préoccupée ?"
"- Préoccupée,
le mot est faible ! Figurez vous que j'ai bien remarqué ce qu'il se
passe au bungalow numéro 20 !"
Silence...Maryse
ouvre de grands yeux étonnés. Agnès continue, sans se rendre
compte que l'homme en question se dirige vers eux.
"- Eh
bien ce dégoûtant fait ses petites affaires en pleine journée, au
yeux de tous, je ne comprends pas que vous tolériez un tel
comportement ici, depuis que je viens, c'est la première fois que
j'assiste à une telle débauche !"
"Mais
enfin Agnès, je vous trouve bien dure, ah ben justement, le voilà,
Agnès je vous présente Frédéric, le désormais kiné attitré du
camping !"
Agnès
bafouille un bonjour à peine audible et reste figée, dévisageant
Frédéric qui lui tend une main franche et amicale.
Elle
n'avait pas lu à l'accueil, les détails concernant le nouveau
service offert aux vacanciers, aux honoraires ici précisés, par un
homme...vraiment pas comme les autres ! Elle eut elle aussi son petit
moment "de débauche" autorisé ; Il avait les mains très
douces et massait les omoplates admirablement...Et en musique, s'il
vous plait !
Même avec un instrument moyenâgeux, un kiné reste un kiné :)
RépondreSupprimerTa remarque est très pertinente ! :)
SupprimerAh ah ah ! Triple AH ! Je me suis bien marré, jolie chute (de reins of course) ];-D
RépondreSupprimerMerci Andiamo ! :)
SupprimerQuelle chouette histoire ! Pleine de suce-pince !
RépondreSupprimerBravo maryline
¸¸.•*¨*• ☆
Bravo ! Excellente histoire. Je me demandais ce qu'il faisait véritablement (car il était clair que son activité n'était pas conforme à la rumeur) et tu m'as bien eue. Beaucoup d'humour également.
RépondreSupprimerAh la rumeur qui naît, qui grossit, qui enfle, qui s'épand !
RépondreSupprimerAh la rumeur sur qui s'étend chez le kiné !
Il y a toujours anguille sous roche !
Souvenons-nous de la main du masseur dans la culotte du zouave !
Un texte qui tient en haleine et dont la fin surprend. Bien vu Maryline !
RépondreSupprimerC'est bien connu que la main du masseur attire des convoitises :)
RépondreSupprimerD'ailleurs, à bien y penser, mon collègue Kiné a une clientèle très féminine !!!
Et j'ai marché moi aussi, excellente chute.
RépondreSupprimerParaîtrait (m'a-t-on dit), qu'ils auraient quand même leurs groupies, et que leurs épouses font parfois de sacrées crises de jalousie... encore une rumeur sans doute...
Ok... Il jouait de la viole, en fait !
RépondreSupprimerHé ... c'est bien utile un Kiné!!! ;-)
RépondreSupprimerVoilà une rumeur bien décrite ! :)
RépondreSupprimerj'aime beaucoup
RépondreSupprimerla course qui enfle de la rumeur
est bien rendue
il travaillait juste de ses mains
en fait
:)