Assis sur mon fauteuil, le
chat me fixe haut
L'œil noirci de révolte
et voilé de chagrin
L'animal est rebelle
autant qu'il est aimable
Ses pirouettes d'humeur me
sont si familières
Que je restai muette à
son indignation
Offensé, je suppose, par
mon indifférence
La moustache vibrante et
l'oreille dressée
Assieds-toi me dit-il,
nous avons à parler
Ma surprise fut telle, je
crois que j'ai miaulé
Mais j'ai obtempéré et
je l'ai écouté
J'ai vu des chats couchés
dans la boue de l'hiver,
Sur leur lit de misère,
je les ai vus quêter
S'il vous plaît pour
manger, s'il vous plaît pour dormir
J'ai vu l'apocalypse dans
les yeux d'une mère
Qui pliait dans ses bras
le sommeil d'un chaton
Plus fripé qu'un vieux
chat dans la nuit sans étoiles
J'ai vu des chats pressés
d'ignorer l'innommable
J'en ai vu qui crachaient
le venin du mépris
D'autres, qu'ils soient
loués, venaient les secourir
Distribuaient des repas et
quelques couvertures
La patte de velours, le
mot réconfortant,
Proposaient un bercail le
temps de la froidure
Et moi, qu'est-ce que j'ai
fait ? Je suis rentré au chaud
Des images clouées sous
le pli des paupières
Et l'âme déchirée de
n'avoir su que faire
Voilà, je t'ai livré le
sombre des félins
Dis-moi, par Jupiter, que
pareille détresse
Serait intolérable à tes
frères humains.
ton texte est bouleversant, Lira
RépondreSupprimercar ton chat me fixe, et me trouve impuissante et lâche devant le dénuement et le malheur qui frappe mes frères humains, et il a désespérément raison :(
Lira, ton texte est poignant...Après ton commentaire Tisseuse, si juste, tout ajout de mots paraîtra banal...
RépondreSupprimerIl fallait bien un chat pour nous déstabiliser dans notre monde douillet et aseptisé
RépondreSupprimerTon chat est un sage. C'est très touchant.
RépondreSupprimer"Ma surprise fut telle, je crois que j'ai miaulé"
RépondreSupprimerdeux parties en miroir
un chat qui dit la misère et l'indifférence
et la compassion aussi
dans son monde de félins
au sombre
heureusement chez les humains cela ne se peut guère...
et j'ai aimé les mots et le rythme
SupprimerUn texte très baudelairien, Lira.
RépondreSupprimerET une belle parabole sur les malheurs humains devant lesquels nous nous sentons bien souvent impuissant.
Bravo pour ce texte fort
¸¸.•*¨*• ☆
Poignant. Beau. Bref, j'en suis bouche bée, mais tenais à dire que ce poème m'avait plu.
RépondreSupprimerExcellent, les rimes sont bonnes, ça sonne bien, c'est délicat et bien observé.
RépondreSupprimerC'est très beau Lira.
RépondreSupprimerTu as su parfaitement calquer le comportement de ton chat sur celui que peut avoir l'homme face à la misère et l'abandon de ses pairs.
J'ai bien aimé le clin d'œil "je crois que j'ai miaulé" ;-)
J'ai beaucoup goûté la fluidité de ce texte, toute au service de sa profondeur. Bravo !
RépondreSupprimerMerci à tous de vos commentaires très gentils commentaires.
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