mardi 27 février 2018

Tiniak - La rumeur

LE SANG, L'EPINE ET LE FILET



Alas, poor Yorick!...
La soupe de poisson, épaisse dans mes veines
emporte mon combat - cette vieille chanson !
pour une oreille amie, face à combien de cons ?...
quels que furent les temps que mes larmes soutiennent
avec l'obstination, épineuse aux débords
de la prise au filet, certaine de sa mort
mais vive et s'agitant et plaidant sa rengaine
A la caresse amie comme aux pesantes chaînes...
Sans déconner, qui meurt ? Ma peine ou ta maison ?
***
Nu soleil au plus haut, je pique cette olive...
L'ombre pour seule rive et le vin pétillant
je m'offre ce régal quand d'autres sont aux champs
honorant leur trépas de sueurs en salives
A l'approche du soir et sa fraîcheur au cou
j'ai l'aiguillon vaudou à bout de cure-dent
une dernière olive et j'aurai mon content...
De chair inamovible et d'aveugles pensées
qui m'auront rassasié la rage et le courroux
A l'aube reparue, j'irai sous le pêcher...
***
Reprenons (z'à la source) où l'On m'a égaré...
car, hier, le pêcher m'a soufflé la rumeur
qui m'a laissé pantois et gâche mon humeur
"C'est le Diable..." dit On, aux feuilles ensablées !!
Une bien triste nasse est à l'œuvre et m'entoure
avec de vilains mots privés de toute essence
- étrange rigodon, sans fête en référence...
ruinant mon paillasson et meuglant dans ma cour
Mais quoi répondre à ça ? J'en appelle à Diogène...
Que ces pleutres bourgeois me lâchent la fenêtre !
Je suis poLête, allons... Je n'invoque que d'être
et me creuse le fion pour une rime en "haine"
Eh ! J'ai dit quoi de trop sur nos chemins de croix ?
Hommes de peu de foie, venez me dire en face
que vous prenez mes maux pour d'insignes menaces
quand j'écris qu'il se peut que le cœur se dévoie
"Un billet, s'il vous plait. Merci. Bonjour, Ailleurs..."
Je respire des fleurs sur un autre balcon
(ai dû fuir mon pays sans quitter ma raison
- trois Jules pour bagage, un carnet vierge au cœur)
Rigole, ma semaine...! On m'aura pris pour quoi ?
Je ne suis qu'un bourgeois (habitant de la ville)
contraint par la fureur, mais heureux en exil
de chercher qui je suis en me donnant à toi

Où loge encore Diogène ? Bonne question (indice : Desproges est mort)...

19 commentaires:

  1. D'après la rumeur, l'ami tiniak pratiquerait le sibyllinguisme !

    Mais rassurez-vous, ça reste hautement musical !

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  2. 3 fois je l'ai lu ! Avec plaisir puis application puis lâcher prise... ;-) Ben oui, et je ne suis pas à l'abri de retourner piquer une dernière olive... ;-)

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    1. Avec un p'tit Château La Tour des Genêts* ? Un régal !!

      * un bon cru de Vaucluse entre Montmirail et Ventoux ;)

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  3. Impressionnantes ciselures et artisanat de toute orphique beauté !
    Mais, une question me taraude : Ami Tiniak quel fut le poids votre sommeil ces derniers jours ?

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  4. Pour une rime en haine, quoi de mieux que Diogène ?

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  5. Laisse moi t'admirer, ô aède subtil
    Et te dire à la fois ma joie et mon bonheur
    Quand tu te troue le fion pour une rime en eur
    En haine ou bien en art tu tapes dans le mil !

    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Safrané le mil ? Oui, ça m'va :D
      Merci pour le sel de ta fleur de mots... et rincé proprement, bien sûr ♥

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    2. Safrané (et ça f'ra nez) comme il se doit, bien évidemment !

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  6. En vers (olive) t'es le plus balèze
    Une rime en haine ?
    Il y a Maria... Chapdelaine.

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  7. "Je ne suis qu'un bourgeois (habitant de la ville)
    contraint par la fureur, mais heureux en exil
    de chercher qui je suis en me donnant à toi"

    Ôde du poète au poète.

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  8. Tout s'éclaire enfin : soupe de brochet aux olives.
    Le tout dans la bedaine pour la rime en aine.
    Plus sérieux, bravo pour cette succulente "soupe" de mots choisis "qui vont si bien ensemble" (du Mc Cartney, désolé, il y a mieux).

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  9. J'en reste sans mots :)
    Et pour la rime tu as toujours ton petit bas de laine n'est ce pas ?

    Par contre, je m'interroge, où il y a Diogène y a-t-il du plaisir ?

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    1. Ha : Ha ! Nan, pas trop, en effet. Plutôt du tonneau d'invectives ;)

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  10. Le poème est d'une grande finesse. Et explicite.
    Mais moi, je ne me lasse pas de l'image. Comme les enfants...

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  11. Quelle bien vilaine chose que cette rumeur, en effet.
    "Trois Jules", dis-tu ? Laforgue, ça, j'en suis sûre; Supervielle, très vraisemblablement; et peut-être... Jules Verne ?

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    1. Ah ouiche, Verne ! Aussi... mais je garde davantage une tendresse pour Jules Romains ;)

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